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Lloas
26 janvier 2011

Je regrette le temps où je l'entendais

Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles. Mon professeur de botanique m'assurait qu'elles ne disaient rien ; soit qu'il fût sourd, soit qu'il ne voulût pas me dire la vérité, il jurait qu'elles ne disaient rien du tout.
Je savais bien le contraire. Je les entendais babiller confusément, surtout à la rosée du soir ; mais elles parlaient trop bas pour que je pusse distinguer leurs paroles ; et puis elles étaient méfiantes, et, quand je passais près des plates-bandes du jardin ou sur le sentier du pré, elles s'avertissaient par une espèce de psitt, qui courait de l'une à l'autre. C'était comme si l'on eût dit sur toute la ligne : «Attention, taisons-nous ! voilà l'enfant curieux qui nous écoute».

Je m'y obstinai. Je m'exerçai à marcher si doucement, sans frôler le plus petit brin d'herbe, qu'elles ne m'entendirent plus et que je pus m'avancer tout près, tout près ; alors, en me baissant sous l'ombre des arbres pour qu'elles ne vissent pas la mienne, je saisis enfin des paroles articulées.

Il fallait beaucoup d'attention ; c'était de si petites voix, si douces, si fines, que la moindre brise les emportait et que le bourdonnement des sphinx et des noctuelles les couvrait absolument.

Je ne sais pas quelle langue elles parlaient. Ce n'était ni le français, ni le latin qu'on m'apprenait alors ; mais il se trouva que je comprenais fort bien. Il me sembla même que je comprenais mieux ce langage que tout ce que j'avais entendu jusqu'alors.

.../...

Quand je racontai à mon précepteur ce que j'avais entendu, il déclara que j'étais malade et qu'il fallait m'administrer un purgatif. Mais ma grand'mère m'en préserva en lui disant :

- Je vous plains si vous n'avez jamais entendu ce que disent les roses. Quant à moi, je regrette le temps où je l'entendais. C'est une faculté de l'enfance. Prenez garde de confondre les facultés avec les maladies !

George Sand

Contes d'une grand-mère (Edition De Borré)

contes-d-une-grand-mere-3093122-250-400

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17 janvier 2011

Les absences

les_absences

Les absences ont le goût

Amer des abandons

Le regret du passé

Le chagrin du présent

L’angoisse du futur.

 

Elles conjuguent à elles seules

Tous les temps de la vie.

 

Elles sont vides et muettes

Pourtant elles nous tenaillent

Nous remplissent et nous blessent

D’un mal incontrôlable.

 

Elles se font souveraines

En nos cœurs démunis.

 

Elles guident nos pensées

Nous font douter de tout

Remplissent nos pouvoirs

D’une sourde impuissance.

 

Elles sont seules fidèles

En nos âmes inconstantes.

 

Les absences ont le goût

Salutaire des consciences

Sans elles nous serions

De pauvres voyageurs

D' inutiles radoteurs...

Et de fieffés menteurs.

 

Lloassignature22 janvier An XI

15 janvier 2011

Debout...

debout_Lloas

Bourdonnement laborieux

Claquement travailleur

Tintement actif

Silences appliqués

 

Une voix te susurre

La fatigue des ans

La pesante douleur

Et la sourde conscience

Que tu ne pourras pas

Arriver jusqu’au bout

Du chemin qu’ils te tracent

 

Bourdonnement des angoisses

Claquement des menaces

Tintement des chantages

Dans ton silence obéissant

 

Mais ils ont dit « Debout,

Il faut continuer »

Ils ont dit « Trop de vieux »

Et ils t’ont dit « Debout,

Tu dois continuer »

Et toi tu sais déjà

Que tu ne seras pas.

signature_Lloas15 janvier An XI

13 janvier 2011

...ni étonnés ni anxieux d'être là

N'est-ce pas, en effet, ici un lieu étrange par sa singulière beauté? Son nom seul provoque l'esprit à des idées de volupté et de mélancolie. Dites : « Venise », et vous croirez entendre comme du verre qui se brise sous le silence de la lune.... « Venise », et c'est comme une étoffe de soie qui se déchire dans un rayon de soleil... « Venise », et toutes les couleurs se confondent en une changeante transparence... N'est-ce pas un lieu de sortilège, de magie et d'illusion ?

Ce ne sont pourtant ni des ombres, ni des fantômes qui l'habitent, mais des hommes, et des hommes qui naissent et meurent, qui vivent et qui mangent, car ma gondole croise des barques chargées de légumes et de fruits, et l'eau roule des feuilles et des écorces. Sur les marches de ce petit quai, on entasse des paniers de poissons et de coquillages. Des gens marchandent ces nourritures. Ils n'ont l'air ni étonnés ni anxieux d'être là.

_Henri de Regnier_

Esquisses vénitiennes (Editions Complexe)esquisses_v_nitiennes__henri_de_regnier

12 janvier 2011

Avancer

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Pour trouver le plaisir d’avancer, il nous faut voir le ciel dans le bleu, la mer dans l’écume, le vent dans la brise, la fleur dans le cœur, l’arbre dans l’oiseau, l’air dans le parfum mais ne jamais fermer les yeux sur les obscurités, les tempêtes, les ouragans, les épines, les haches et les brouillards ; tout ce qui risque de nous perdre.

signature_Lloas12 janvier An XI 

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11 janvier 2011

Il a écrit...

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Le gouvernement est une réunion d'hommes qui fait violence au reste des hommes.

Léon Tolstoï

1 janvier 2011

Car tant que la politique contiendra la guerre,

Car tant que la politique contiendra la guerre, tant que la pénalité contiendra l'échafaud, tant que le dogme contiendra l'enfer, tant que la force sociale sera comminatoire, tant que le principe, qui est le droit, sera distinct du fait, qui est le code, tant que l'indissoluble sera dans la loi civile et l'irréparable dans la loi criminelle, tant que la liberté pourra être garrottée, tant que la vérité pourra être bâillonnée, tant que le juge pourra dégénérer en bourreau, tant que le chef pourra dégénérer en tyran, tant que nous aurons pour précipices des abîmes creusés par nous-mêmes, tant qu'il y aura des opprimés, des exploités, des accablés, des justes qui saignent, des faibles qui pleurent, il faut, citoyens, que la conscience reste armée.

Victor Hugo

Oeuvres complètes Politique (Editions Robert Laffont)recto_actes_paroles

Lloas_XI

 

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