La librairie
Sur le cours circulant
Bruyant et cahotant
Une halte, un îlot
Aux senteurs de bois
De papier imprimé
De carton vernissé
De pages étagées
De mots enchevêtrés
De murmures enchantés
Une chaleur discrète
Une envie de famille...
Tu y entres en poussant
Une porte de verre
Transparente et glacée
Mais sitôt pénétré
Tu y es réchauffé
Par le feu des couleurs
Et la lumière radieuse
Qui te happe et t'emmène
D'une confuse fièvre
Agréable et curieuse
Dénicher le possible...
A l'oreille calmée
Tu entends les soupirs
Les larmes et les rires
Enfermés dans les livres
Qui t'engagent à fouiller
A découvrir le seul
Le mystère singulier
Qui te fait repartir
Ton trésor sous le bras
Heureux d'être rentré
En emportant la douce
La solide atmosphère
De cette île des mots...
Quand le Temps t'insupporte
Que tu espères croiser
De nouvelles découvertes
Goûteuses et plaisantes
Que tu veux retrouver
Des histoires suranées
Au parfum insistant
Sûr et réconfortant
Tu sais où les chercher...
Dans la chaleur offerte
Des Lettres à Croquer.
Elle a dit...
"Les mots, c'est très grave, pour moi. […] C'est grave, une chanson. Ça va dans les oreilles de tout le monde, ça se promène dans la rue, ça traverse la mer, c'est important une chanson, ça accompagne votre vie…"
Pedibus
Je ne connais qu' une manière de voyager plus agréable que d' aller à cheval, c' est d' aller à pied. On part à son moment, on s' arrête à sa volonté, on fait tant et si peu d' exercices qu' on veut. On observe tout le pays; on se détourne à droite, à gauche; on examine tout ce qui nous flatte; on s' arrête à tous les points de vue. Aperçois-je une rivière, je la côtoie; un bois touffu, je vais sous son ombre; une grotte, je la visite; une carrière, j' examine les minéraux. Partout où je me plais, j' y reste. A l' instant que je m' ennuie, je m' en vais. Je ne dépends ni des chevaux, ni du postillon. Je n' ai pas besoin de choisir des chemins tout faits, des routes commodes; je passe partout où un homme peut passer; je vois tout ce qu' un homme peut voir; et, ne dépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont un homme peut jouir. Si le mauvais temps m' arrête et que l' ennui me gagne, alors je prends des chevaux...
Combien de plaisirs différents, on rassemble par cette agréable manière de voyager! sans compter la santé qui s' affermit, l' humeur qui s' égaie. J' ai toujours vu ceux qui voyageaient dans de bonnes voitures bien douces, rêveurs, tristes, grondants ou souffrants, et les piétons toujours gais, légers et contents de tout. Combien le coeur rit quand on approche du gîte. Combien un repas grossier paraît savoureux! Avec quel plaisir on se repose à table! Quel sommeil on fait dans un mauvais lit! Quand on ne veut qu' arriver, on peut courir en chaise de poste; mais quand on veut voyager, il faut aller à pied.
Si je pouvais...
J'appellerais le vent caressant nos envies
Pour qu' il emporte loin
Nos folies
Je balaierais les champs de nos vaines batailles
Pour qu'ils soient de nos cœurs
Les entrailles
Je jetterais le temps malaisé des promesses
Pour qu'il vive confiant
D'allégresse
Je garderais les mots intimes et puissants
Pour qu'ils nous réunissent
Bienveillants
Je porterais la source au creux de nos matins
Pour qu'elle nous aide à voir
Nos destins
Je connaitrais un monde modeste et rassurant
Fidèle et tolérant
Sûrement...
vêtements, langages, usages, lois, opinions, conditions...
..."que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution..."
Poème pour une peinture.../Claude monet
Et la mère tout au fond
Dans ce coin de fenêtre
Se perd dans la lueur
Des tendresses passées
Le garçon s'enhardit
Il veut quitter ce coin
D' amour prisonnier
Il va vers cette porte
Qui l'intrigue et l'attire
Mais il hésite encore
Il serre dans ses poches
Son angoisse d'enfant
Il veut devenir grand
Il veut franchir le temps
Il voit la vie devant
Colorée, engageante
Essentielle, luxuriante
Il sait la vie derrière
Pastelle, attachante
Fidèle, rassurante
Le parquet bien ciré
L'entraîne à glisser
Vers ses fraîches envies
Mais la lampe bleutée
Le retient sourdement
Dans ses chaleurs d'enfant
Et la mère tout au fond
Dans ce coin de fenêtre
Regarde son garçon
Lui murmure son courage
Et espère qu'il saura...