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Lloas
5 mars 2012

Avec Jean de La Fontaine...

Les deux mulets

Deux Mulets cheminaient ; l'un d'avoine chargé ;
      L'autre portant l'argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
          Il marchait d'un pas relevé,
          Et faisait sonner sa sonnette ;
          Quand, l'ennemi se présentant,
          Comme il en voulait à l'argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
          Le saisit au frein, et l'arrête.
          Le Mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups, il gémit, il soupire :
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire ;
          Et moi j'y tombe, et je péris.


          Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi :
Si tu n'avais servi qu'un Meunier, comme moi,
          Tu ne serais pas si malade.

Jean de La Fontaine

          source:    http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/fables.htmillustration André Hellé

 Le vieillard et l'âne

Un Vieillard sur son Ane aperçut en passant
            Un pré plein d'herbe et fleurissant :
Il y lâche sa Bête, et le Grison se rue
            Au travers de l'herbe menue,
            Se vautrant, grattant, et frottant,
            Gambadant, chantant et broutant,
            Et faisant mainte  place nette.
            L'ennemi vient sur l'entrefaite.
            Fuyons, dit alors le Vieillard.
            Pourquoi ? répondit le  Paillard.
Me fera-t-on porter double bât, double charge ?
Non pas, dit le Vieillard, qui prit d'abord le large.

Et que m'importe donc, dit l'Ane, à qui je sois ?
            Sauvez-vous, et me laissez paître :
Notre ennemi, c'est notre maître :

            Je vous le dis en bon françois.

Jean de La Fontaine

Merci à MM pour m'avoir fait connaître "Le vieillard et l'âne"... 

             source:    http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/fables.htm illustration-image publicitaire

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21 février 2012

Fièvre de paraître...

.../... Que se passe-t-il donc ? les petits fournisseurs sont à découvert, et les petits acheteurs sont à sec. Nous avons plus de jolies maisons et plus de beaux habits sous les yeux que par le passé, et tout cela coûte, dit-on, moins cher ; mais nous n'avons plus le sou dans la poche. On nous a donné une fièvre de paraître, et les dettes nous rongent.

George Sand

 "Le Péché de Monsieur Antoine" (Edition AlterEditLe péché de monsieur Antoine_Sand

8 février 2012

Le mendiant

Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant
Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C'était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : « Venez vous réchauffer un peu.
Comment vous nommez-vous ? » Il me dit : « Je me nomme
Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. »
Et je lui fis donner une jatte de lait.
Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait,
Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre.
« Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre,
Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu.
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Étalé largement sur la chaude fournaise,
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé
D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières,
Et je regardais, sourd à ce que nous disions,
Sa bure où je voyais des constellations.

Victor Hugo

"Les contemplations" (Classiques de Poche) Les contemplations Victor Hugo

4 février 2012

Hier...Aujourd'hui




Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée... Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !../...
Appel de l'Abbé Pierre (Introduction)
prononcé le 1er février 1954 sur les antennes de Radio-Luxembourg)

 http://www.mobilisationlogement2012.com/

19 janvier 2012

Pedibus

Je ne connais qu' une manière de voyager plus agréable que d' aller à cheval, c' est d' aller à pied. On part à son moment, on s' arrête à sa volonté, on fait tant et si peu d' exercices qu' on veut. On observe tout le pays; on se détourne à droite, à gauche; on examine tout ce qui nous flatte; on s' arrête à tous les points de vue. Aperçois-je une rivière, je la côtoie; un bois touffu, je vais sous son ombre; une grotte, je la visite; une carrière, j' examine les minéraux. Partout où je me plais, j' y reste. A l' instant que je m' ennuie, je m' en vais. Je ne dépends ni des chevaux, ni du postillon. Je n' ai pas besoin de choisir des chemins tout faits, des routes commodes; je passe partout où un homme peut passer; je vois tout ce qu' un homme peut voir; et, ne dépendant que de moi-même, je jouis de toute la liberté dont un homme peut jouir. Si le mauvais temps m' arrête et que l' ennui me gagne, alors je prends des chevaux...

Combien de plaisirs différents, on rassemble par cette agréable manière de voyager! sans compter la santé qui s' affermit, l' humeur qui s' égaie. J' ai toujours vu ceux qui voyageaient dans de bonnes voitures bien douces, rêveurs, tristes, grondants ou souffrants, et les piétons toujours gais, légers et contents de tout. Combien le coeur rit quand on approche du gîte. Combien un repas grossier paraît savoureux! Avec quel plaisir on se repose à table! Quel sommeil on fait dans un mauvais lit! Quand on ne veut qu' arriver, on peut courir en chaise de poste; mais quand on veut voyager, il faut aller à pied.


Jean- Jacques Rousseau

    Emile ou de l'éducation (Editions GF Flammarion) Emile ou de l education_Rousseau 

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13 janvier 2012

vêtements, langages, usages, lois, opinions, conditions...

..."que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution..."

Voltaire

Traité sur la tolérance (Editions GF Flammarion) Voltaire_Traité sur la tolérance

6 juillet 2011

PlaisirS

La Bretagne est un bras de granit et de landes, « finis terre », où, dans un dernier effort, le continent se jette dans la mer. Genêts battus par les vents, ciels bleus délavés par les tempêtes de Noroît, maisons aux toits d’ardoises, ces écailles de nuages qui ne brillent que sous la pluie, flottilles de bateaux qui rentrent au port dans un tourbillon de mouettes, les cales pleines de sardines.
La cuisine bretonne prend son inspiration à deux sources : la cuisine paysanne de l’intérieur, avec châtaignes et cidre nouveau, fars salés ou sucrés, crêpes de froment ou de blé noir, lait ribot, charcuterie, « fricot » au coin du feu, gibier, truites farios des ruisseaux et des lacs.
Le long des côtes c’est la cuisine des pêcheurs qui domine : poignées de bigorneaux noirs et luisants comme des pierres, palourdes finement striées de bleu et d’ocre, huîtres charnues, maquereaux fuselés comme des flèches d’églises, daurades aux nageoires hérissées. Le noble homard croise l’humble sardine, et l’on y trouve au détour d’un étal quelques trésors bien gardés : ormeaux nacrés, pouces-pieds à l’étrange physionomie, oursins ou couteaux.
La Bretagne c’est aussi la patrie du beurre, dont l’onctuosité demi-sel accompagne coquillages et poissons, viandes, fruits, légumes et desserts.
C’est également une terre où la douceur relative du climat océanique permet de faire pousser de nombreux fruits et légumes : choux-fleurs et artichauts, oignons de Roscoff, haricots cocos de Paimpol, fraises de Plougastel.
Au nord on y boit le cidre des Celtes et le poiré, le « chouchenn », l’hydromel breton ainsi que depuis une dizaine d’années des bières bretonnes issues de brasseries artisanales. Certaines bières présentent la particularité d’être brassées à partir de blé noir..
Au sud on boit le Muscadet et le Gros-Plant nantais, ainsi que des vins de cépage, Gamay, Cabernet, Grolleau gris ou rosé.
Enfin, depuis toujours, la Bretagne est séparée en deux par une ligne verticale à peu près à la hauteur de Vannes. A l’ouest la Bretagne « bretonnante » où l’on parle breton, à l’est le pays Gallo, où l’on parle (parlait) le Gallo, une langue romane distincte du français qui s’est développée dans la région. Gallo veut dire… breton en Gallo.

Extrait de l' Introduction à « Cuisine de Bretagne » de Christophe Certain cuisine_bretonne

17 mars 2011

Il écrivait..."Une ivresse d'atrocité universelle"

Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation.
Tout journal, de la première ligne à la dernière, n'est qu'un tissu d'horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d'atrocité universelle.
Et c'est de ce dégoûtant apéritif que l'homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. Tout, en ce monde, sue le crime: le journal, la muraille, le visage de l'homme.
Je ne comprends pas qu'une main pure puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût.

_Charles Baudelaire_

A huit mots près...Merci Monsieur Baudelaire!

Il est impossible de regarder une télévision quelconque, de n'importe quel jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque image, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation.
Tout journal télévisé, de la première image à la dernière, n'est qu'un tissu d'horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d'atrocité universelle.
Et c'est de ce dégoûtant apéritif que l'homme civilisé accompagne son repas de chaque soir. Tout, en ce monde, sue le crime: le journal, la muraille, le visage de l'homme.
Je ne comprends pas qu'un oeil pur puisse regarder un journal télévisé sans une convulsion de dégoût.

Texte transformé Lloassignature

7 février 2011

Grand âge et bas âge mêlés

Mon âme est faite ainsi que jamais ni l'idée,
Ni l'homme, quels qu'ils soient, ne l'ont intimidée;
Toujours mon coeur, qui n'a ni bible ni koran,
Dédaigna le sophiste et brava le tyran;
Je suis sans épouvante étant sans convoitise;
La peur ne m'éteint pas et l'honneur seul m'attise;
J'ai l'ankylose altière et lourde du rocher;
Il est fort malaisé de me faire marcher
Par désir en avant ou par crainte en arrière;
Je résiste à la force et cède à la prière,
Mais les biens d'ici-bas font sur moi peu d'effet;
Et je déclare, amis, que je suis satisfait,
Que mon ambition suprême est assouvie,
Que je me reconnais payé dans cette vie,
Et que les dieux cléments ont comblé tous mes voeux.

Tant que sur cette terre, où vraiment je ne veux
Ni socle olympien, ni colonne trajane,
On ne m'ôtera pas le sourire de Jeanne.

Victor Hugo

 

L'art d'être grand-père (collection Mille et une nuits) hugo_grand_p_re

26 janvier 2011

Je regrette le temps où je l'entendais

Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles. Mon professeur de botanique m'assurait qu'elles ne disaient rien ; soit qu'il fût sourd, soit qu'il ne voulût pas me dire la vérité, il jurait qu'elles ne disaient rien du tout.
Je savais bien le contraire. Je les entendais babiller confusément, surtout à la rosée du soir ; mais elles parlaient trop bas pour que je pusse distinguer leurs paroles ; et puis elles étaient méfiantes, et, quand je passais près des plates-bandes du jardin ou sur le sentier du pré, elles s'avertissaient par une espèce de psitt, qui courait de l'une à l'autre. C'était comme si l'on eût dit sur toute la ligne : «Attention, taisons-nous ! voilà l'enfant curieux qui nous écoute».

Je m'y obstinai. Je m'exerçai à marcher si doucement, sans frôler le plus petit brin d'herbe, qu'elles ne m'entendirent plus et que je pus m'avancer tout près, tout près ; alors, en me baissant sous l'ombre des arbres pour qu'elles ne vissent pas la mienne, je saisis enfin des paroles articulées.

Il fallait beaucoup d'attention ; c'était de si petites voix, si douces, si fines, que la moindre brise les emportait et que le bourdonnement des sphinx et des noctuelles les couvrait absolument.

Je ne sais pas quelle langue elles parlaient. Ce n'était ni le français, ni le latin qu'on m'apprenait alors ; mais il se trouva que je comprenais fort bien. Il me sembla même que je comprenais mieux ce langage que tout ce que j'avais entendu jusqu'alors.

.../...

Quand je racontai à mon précepteur ce que j'avais entendu, il déclara que j'étais malade et qu'il fallait m'administrer un purgatif. Mais ma grand'mère m'en préserva en lui disant :

- Je vous plains si vous n'avez jamais entendu ce que disent les roses. Quant à moi, je regrette le temps où je l'entendais. C'est une faculté de l'enfance. Prenez garde de confondre les facultés avec les maladies !

George Sand

Contes d'une grand-mère (Edition De Borré)

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