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Lloas
13 janvier 2011

...ni étonnés ni anxieux d'être là

N'est-ce pas, en effet, ici un lieu étrange par sa singulière beauté? Son nom seul provoque l'esprit à des idées de volupté et de mélancolie. Dites : « Venise », et vous croirez entendre comme du verre qui se brise sous le silence de la lune.... « Venise », et c'est comme une étoffe de soie qui se déchire dans un rayon de soleil... « Venise », et toutes les couleurs se confondent en une changeante transparence... N'est-ce pas un lieu de sortilège, de magie et d'illusion ?

Ce ne sont pourtant ni des ombres, ni des fantômes qui l'habitent, mais des hommes, et des hommes qui naissent et meurent, qui vivent et qui mangent, car ma gondole croise des barques chargées de légumes et de fruits, et l'eau roule des feuilles et des écorces. Sur les marches de ce petit quai, on entasse des paniers de poissons et de coquillages. Des gens marchandent ces nourritures. Ils n'ont l'air ni étonnés ni anxieux d'être là.

_Henri de Regnier_

Esquisses vénitiennes (Editions Complexe)esquisses_v_nitiennes__henri_de_regnier

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1 janvier 2011

Car tant que la politique contiendra la guerre,

Car tant que la politique contiendra la guerre, tant que la pénalité contiendra l'échafaud, tant que le dogme contiendra l'enfer, tant que la force sociale sera comminatoire, tant que le principe, qui est le droit, sera distinct du fait, qui est le code, tant que l'indissoluble sera dans la loi civile et l'irréparable dans la loi criminelle, tant que la liberté pourra être garrottée, tant que la vérité pourra être bâillonnée, tant que le juge pourra dégénérer en bourreau, tant que le chef pourra dégénérer en tyran, tant que nous aurons pour précipices des abîmes creusés par nous-mêmes, tant qu'il y aura des opprimés, des exploités, des accablés, des justes qui saignent, des faibles qui pleurent, il faut, citoyens, que la conscience reste armée.

Victor Hugo

Oeuvres complètes Politique (Editions Robert Laffont)recto_actes_paroles

Lloas_XI

 

29 mai 2010

A vos désirs on vous dirait immortels...

Nous n’avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup. La vie est assez longue ; elle suffirait, et au-delà, à l’accomplissement des plus grandes entreprises, si tous les moments en étaient bien employés. [...]

Pourquoi ces plaintes contre la nature ? Elle s’est montrée si bienveillante ! Pour qui sait l’employer, la vie est assez longue. Mais l’un est dominé par une insatiable avarice ; l’autre s’applique laborieusement à des travaux frivoles ; un autre se plonge dans le vin ; un autre s’endort dans l’inertie ; un autre nourrit une ambition toujours soumise aux jugements d’autrui ; un autre témérairement passionné pour le négoce est poussé par l’espoir du gain sur toutes les terres, par toutes les mers ; quelques-uns, tourmentés de l’ardeur des combats, ne sont jamais sans être occupés ou du soin de mettre les autres en péril ou de la crainte d’y tomber eux-mêmes. On en voit qui, dévoués à d’illustres ingrats, se consument dans une servitude volontaire.

Plusieurs convoitent la fortune d’autrui ou maudissent leur destinée ; la plupart des hommes, n’ayant point de but certain, cédant à une légèreté vague, inconstante, importune à elle-même, sont ballottés sans cesse en de nouveaux desseins ; quelques-uns ne trouvent rien qui les attire ni qui leur plaise : et la mort les surprend dans leur langueur et leur incertitude. [...]

Quelle en est donc la cause ? Mortels, vous vivez comme si vous deviez toujours vivre.

Il ne vous souvient jamais de la fragilité de votre existence ; vous ne remarquez pas combien de temps a déjà passé ; et vous le perdez comme s’il coulait d’une source intarissable, tandis que ce jour, que vous donnez à un tiers ou à quelque affaire, est peut-être le dernier de vos jours. Vos craintes sont de mortels ; à vos désirs on vous dirait immortels. [...]

Sénèque

"De la briéveté de la vie" _Dialogue 49 après JC_ (Collection Arlea)  seneque

8 mai 2010

C'est la vie

Car tout ce dont tu te plains, c'est la vie. Elle n'a jamais été meilleure pour personne et dans aucun temps. On la sent plus ou moins, on la comprend plus ou moins, et plus on est en avant de l'époque où l'on vit, plus on en souffre. Nous passons comme des ombres sur un fond de nuages que le soleil perce à peine et rarement, et nous crions sans cesse après ce soleil qui n'en peut mais. C'est à nous de déblayer nos nuages.

George Sand

( Lettre à Gustave Flaubert )

Correspondance (Editions Georges Lubin) corresp2

26 avril 2010

Ne laisse pas pourrir ton bois...

Il y a de merveilleuses joies dans l’amitié. On le comprend sans peine si l’on remarque que la joie est contagieuse. Il suffit que ma présence procure à mon ami un peu de vraie joie pour que le spectacle de cette joie me fasse éprouver à mon tour une joie ; ainsi la joie que chacun donne lui est rendue ; en même temps des trésors de joie sont mis en liberté, et tous deux se disent : « J’avais en moi du bonheur dont je ne faisais rien. »
  La source de la joie est au-dedans, j’en conviens ; et rien n’est plus attristant que de voir des gens mécontents d’eux et de tout, qui se chatouillent les uns aux autres pour se faire rire. Mais il faut dire aussi que l’homme content, s’il est seul, oublie bientôt qu’il est content ; toute sa joie est bientôt endormie ; il en arrive à une espèce de stupidité et presque d’insensibilité. Le sentiment intérieur a besoin de mouvements extérieurs. Si quelque tyran m’emprisonnait pour m’apprendre à respecter les puissances, j’aurais comme règle de santé de rire tout seul tous les jours ; je donnerais de l’exercice à ma joie comme j’en donnerais à mes jambes.
  Voici un paquet de branches sèches. Elles sont inertes en apparence comme la terre ; si vous les laissez là, elles deviendront terre. Pourtant elles enferment une ardeur cachée qu’elles ont prise au soleil. Approchez d’elles la plus petite flamme, et bientôt vous aurez un brasier crépitant. Il fallait seulement secouer la porte et réveiller le prisonnier.
  C’est ainsi qu’il faut une espèce de mise en train pour éveiller la joie. Lorsque le petit enfant rit pour la première fois, son rire n’exprime rien du tout ; il ne rit pas parce qu’il est heureux ; je dirais plutôt qu’il est heureux parce qu’il rit ; il a du plaisir à rire, comme il en a à manger ; mais il faut d’abord qu’il mange. Cela n’est pas vrai seulement pour le rire ; on a besoin aussi de paroles pour savoir ce que l’on pense. Tant qu’on est seul on ne peut être soi. Les nigauds de moralistes disent qu’aimer c’est s’oublier ; vue trop simple ; plus on sort de soi-même et plus on est soi-même ; mieux aussi on se sent vivre. Ne laisse pas pourrir ton bois dans ta cave.

Alain

Propos sur le bonheur (Folio essais)   propos_sur_le_bonheur_Alain

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2 avril 2010

C'est un autre avenir...

l'avenir_Ferrat

C’est un autre avenir qu’il faut qu’on réinvente
Sans idole ou modèle pas à pas humblement
Sans vérité tracée sans lendemains qui chantent
Un bonheur inventé définitivement
Un avenir naissant d’un peu moins de souffrance
Avec nos yeux ouverts et grands sur le réel
Un avenir conduit par notre vigilance
Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel.

Jean Ferrat_ Le bilan

31 janvier 2010

Il s'appelait Marc-Vivien...Et toi, Frédéric...

Il s'appelait Marc-Vivien Foé

Aurevoir, frère très estimé.

Paris, le 27 juin 2003: Il est des articles qui vous coûtent, qui vous coûtent tellement qu'il en est indécent de dire plus.

Talleyrand avait le sens de la formule. Il aurait dit peut-être: "Aurevoir, frère très estimé."

Aucune formule ne sera vraiment juste pour exprimer le sentiment extrême qui en ce moment guide ma démarche. S'il fallait commettre un article, voici le dernier qu'il me serait donné d'avoir rêvé.

C'est donc bien vrai. Le milieu de terrain international Foé est parti, vaincu par le sort, vaincu par son métier, terrassé par sa passion, la même passion qui brûle l'Afrique entière, le Cameroun entier.

Marc-Vivien Foé a quitté ses amis, nous, ses nombreux compatriotes, de la manière la plus insolente qui soit donnée à ceux qui restent. Faudra-t-il évoquer la lenteur des secours lorsque le géant de Nkoabang s'est offert aux regards des téléspectateurs, les yeux révulsés, inerte déjà livré à des dieux que nul ne rencontre que lors de son dernier périple?

Foé, il me faut cette témérité, cette insolence pareille au sort qui t'arrache à l'amour de tout un pays, à tous ceux qui t'aimaient de par le monde, pour vouloir que tu ne t'en ailles pas sans te dire combien de vide, d'amertume, de colère ton départ crée parmi nous qui restons.

Là-bas, à Nkoabang, chez les Mvog Manga tes pères, la douleur sera pire, j'en suis sûr, Foé. Pire que toute cette souffrance que nous mesurerons mieux dans un mois, dans un an, pour le reste de notre vie.

Huit ans déjà que tu régalais les Camerounais de ta fausse nonchalance, de ton jeu aérien exceptionnel, de ta personnalité si affable. Au moment où j'écris ces mots, Foé, les larmes intarissables, ton ami d'enfance est à mes côtés. Nous nous réjouissions tellement de l'entendre nous narrer tes qualités avec la fierté des vrais amis, ceux qui ne sont pas les amis de circonstance, car ton statut de star incontestée des stades t'avait apporté la méfiance compréhensible envers les fausses sollicitudes.

Il t'arrivait toujours de t'échapper de cette gangue pour préserver ce que tes parents avaient fait de toi, un homme attentif aux chants des âmes. Alors tu étais l'invité d'un inconnu, que tu allais encourager à persévérer dans sa voie de peintre. Tu n'oubliais pas que tes amis chérissaient autant que toi leur passion, ils l'ont souvent assouvie ces derniers temps grâce à ton concours toujours discret. Racine Sagath, inutile de le deviner, est inconsolable ce soir, pour très longtemps encore.

Foé, le nom porte aussi chez nous l'indication du caractère de l'être qui le porte. On t'appelait Marc-Vivien, ce qui indiquait la vie à laquelle tu étais dédié, nous t'appelions aussi simplement Foé, alors tu t'arrêtais à ce nom, tu te retournais, où que tu fusses, et tu nous donnais ton sourire, parfois, il nous fallait arrêter le mouvement de tes mains, pour que tu n'en sortes pas des billets dont la valeur nous pétrifiait toujours. Je ne sais quoi penser de ce que tu t'en sois allé avec cette médiatisation. Vraiment, Marc-Vivien, je me plais à penser que c'est là le sort de ce message que tu étais venu livrer à nous autres, tes admirateurs, tes amis, tes frères. Le message d'un jeune homme sorti de l'anonymat le plus complet pour s'illustrer avec la classe des êtres hors hiérarchie. Sans jamais en perdre l'humilité propre à ces danseurs funambules qui apprennent chaque jour la tension entre le haut et le bas du pavé. Une distance très tenue que tu as aujourd'hui franchie.

Il m'est intolérable d'entendre encore cet ami, Marc comme toi, ton ami de tous les instants, qui brûlait de te revoir enfin, inconsolable à mes côtés. La dignité d'une vie tient à si peu, de l'avis de tous tu auras passé ta vie à te dépenser sans compter pour les tiens. Foé, retenons ton message, celui que ton nom t'a amené à donner au monde. Celui d'un jeune homme qui en 1992 jure à son ami qu'il sera de l'équipée américaine, tout joueur anonyme de deuxième division qu'il est encore. Et le monde retiendra de toi le talent éclaboussant d'un géant qui aura inscrit la marque du travail et de l'enthousiasme à tous ses gestes.

Les mots devraient être des miracles, Marc-Vivien, il est si vain d'user d'eux sans que jamais ils ne paraissent nous démentir, nous apprendre par une dépêche que les médecins se seront trompés, que tu es bien avec nous encore, pour très longtemps. Il nous manque le miraculeux des mots pour que le pays tout entier s'en empare pour conjurer cette terreur qui nous encercle: ton départ tellement violent, tellement impressionnant, tellement lourd de stupeur.

Marc-Vivien Foé, il est certain que les suites données à ton départ ignoreront sans doute le sens colossal de la discrétion que tu as mis à vivre, à répondre à toutes les sollicitations, dont celle-ci qui te permet de tirer ta révérence avec cette singularité soudaine.

Alors, permets-moi, permets-nous, à nous tes frères, tes amis, tes admirateurs, de te dire que tu auras redoré le blason de ta passion d'enfant de la balle. Nous ne pleurerons pas le match prochain, pour ma part, Foé, je serai à chanter l'esani, le rythme cher aux beti, afin que mon ami, mon frère, toi Marc-Vivien, toi Foé de Nkoabang, de Yaoundé, du Cameroun, d'Afrique, l'homme Foé simplement ait la terre légère, très légère.

_Ada BESSOMO_

Copyright (c) 2000 - 2009 Cameroon-Info.NET, All rights reserved.

Message du 13 mars 2009,

22 janvier 2010

L'occasion de...

Babette était assise sur le billot de la cuisine, cernée par davantage de marmites et de casseroles noircies que les deux sœurs n’en  avaient jamais vues de leur vie entière. Elle avait l’air aussi pâle et aussi épuisée  que le soir où elle était arrivée à la maison du pasteur et s’était évanouie sur le seuil. Elle ne leur adressa pas un regard, ses yeux noirs semblaient fixer un point, au loin.

.…/…

« Non, je ne serai jamais pauvre. Je vous le dis, je suis une grande artiste. Et une grande artiste, mesdames, n’est jamais pauvre. A nous les grands artistes, il nous est donné une chose dont vous ignorez tout. »

…/…

« ...Dans le monde entier, un long cri monte du cœur de l’artiste : Permettez-moi, oui, laissez-moi l’occasion de me surpasser. »

 

Karen Blixen

Le festin de Babette et autres contes (Collection Folio) le_festin_de_babette_couverture

11 décembre 2009

Le père Noël

Ce que je me rappelle parfaitement, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouverais à mon réveil. Minuit ! cette heure fantastique que les enfans ne connaissent point, et qu'on leur montre comme le terme impossible de leur veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m'endormir avant l'apparition du petit vieux ! J'avais à la fois grande envie et grand'peur de le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque-là, et le lendemain mon premier regard était pour mon soulier au bord de l'âtre. Quelle émotion me causait l'enveloppe de papier blanc ! car le père Noël était d'une propreté extrême, et ne manquait jamais d'empaqueter soigneusement son offrande. Je courais, pieds nus, m'emparer de mon trésor. Ce n'était jamais un don bien magnifique, car nous n'étions pas riches. C'était un petit gâteau, une orange, ou tout simplement une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux, que j'osais à peine le manger. L'imagination jouait encore là son rôle, et c'est toute la vie de l'enfant.


Je n'approuve pas du tout Rousseau de vouloir supprimer le merveilleux, sous prétexte de mensonge. La raison et l'incrédulité viennent bien assez vite, et d'elles-mêmes; je me rappelle fort bien la première année où le doute m'est venu, sur l'existence réelle du père Noël. J'avais cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Aussi me parut-il moins beau et moins bon que les autres fois, et j'éprouvais une sorte de regret de ne pouvoir plus croire au petit homme à barbe blanche. J'ai vu mon fils y croire plus longtemps ; les garçons sont plus simples que les petites filles. Comme moi, il faisait de grands efforts pour veiller jusqu'à minuit. Comme moi, il n'y réussissait point, et comme moi, il trouvait au jour le gâteau merveilleux pétri dans les cuisines du paradis. Mais pour lui aussi la première année où il douta fut la dernière de la visite du bonhomme. Il faut servir aux enfans les mets qui conviennent à leur âge et ne rien devancer. Tant qu'ils ont besoin de merveilleux, il faut leur en donner. Quand ils commencent à s'en dégoûter, il faut bien se garder de prolonger l'erreur et d'entraver le progrès naturel de leur raison.

George Sand

Histoire de ma vie (Edition Gallimard) histoire_de_ma_vie_sand_gallimard

12 novembre 2009

Lettre

du 16 mars 1915, de Théophile Maupas, Instituteur au Chefresne,

« Me voilà encore une fois ayant plutôt l’air d’un mort que d’un vivant. Mon cœur déborde, tu sais ; je ne me sens pas la force de réagit; c’est inutile, c'est impossible.

J’ai pourtant reçu hier les deux boîtes que tu m’as envoyées, contenant sardines, beurre, réglisse, figues, pommes et mon beau petit sac et les belles canes. J’étais bien heureux, mais je me suis tourné vers la muraille et de grosses gouttes, grosses comme mon amour pour les miens ont roulé abondantes et bien amères. Dans ces moments où je songe à tout ce qui se passe d’horrible et d’injuste autour de moi sans avoir une ombre d’espoir Eh bien, tu sais, je suis complètement déprimé. Je n ai plus la force ni de vouloir ni d’espérer quoi que ce soit. Je ne vais pas continuer; ma pauvre Blanche, je ne vais pas continuer je te ferai de la peine, trop de peine etje pleurerais encore.

Aujourd’hui je vais savoir le résultat de l’affaire. Comme c’est triste, comme c’est pénible ; mais je n’ai rien à me reprocher ; je n’ai ni volé ni tué ; je n’ai sali ni l’honneur ni la réputation de personne. Je puis marcher la tête haute. Ne t’en tracasse pas, ma petite Blanche. Il y a bien assez de moi à songer à ces tristes choses; c’est pénible, attendu qu’à mon âge, ni dans la vie civile ni dans la vie militaire je n ‘avais dérogé à mon devoir.
Pour quiconque n’a pas d’amour propre, ce n’est rien, absolument rien, moins que rien. Moi qui ai du caractère, qui m’abats, me fais du mauvais sang pour un rien, eh bien, tu sais, ma bonne petite, j’en ai gros sur le cœur. Il me semblait pourtant que depuis mon enfance, j’avais eu assez de malheur pour espérer quelques bons jours. C’est ça la vie ! Oh alors, ce n’est pas grand chose ! Que de gens comme moi qui ont un foyer et qui ne sont plus ! des petits enfants qui appelleront souvent leur papa, une femme adorée qui se rappellera son mari dévoué ; c’est bien triste quand je songe à ces noires choses.

Allons, courage ! courage mon petit bonhomme, soutenons-nous, aimons-nous !

J’embrasse ton beau petit sac, ta bonne lettre, ta carte, tes cheveux; tout est là dans un petit coin de mon sac. Je l’ouvre souvent ce vieux sac pour y voir mes objets chers qui sont une partie de toi et de mon petit Jean. Pauvre petite!

Allons, courage, mon petit soldat ! Je me serre bien dur contre toi, ne me quitte pas et veille bien sur moi.
Embrasse bien fort ma Jeannette. Que je t’aime, mon Dieu et que je pleure »

 

classe_de_Theophile Maupas

1914_Classe de Théophile Maupas

40 ans_Fusillé le 17 mars 1915, pour l'exemple...

 

avec Louis LEFOULON_30 ans(Cheminot), Louis GIRARD_28 ans (Horloger),

Lucien LECHAT_23 ans(Garçon de café)

"Le fusillé" (Edition Isoète)_1934 le_fusille Blanche Maupas, Institutriceblanche_maupas

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