Histoires de bonhommes, ce soir-là...
Un petit bonhomme, rond et noir de cheveux et de lunettes, gominé et cravaté, mal installé sur un fauteuil isolé, bave sa culture universitaire, régurgite ses savoirs livresques, postillonne ses fantasmes obsédants comme des vérités universelles.
Le petit bonhomme, rouge de joues et de colère, vexé et divaguant, piégé dans sa pensée trop étroite pour nous, s'énerve sur son auditoire, crie son exaspération, vocifère ses insultes comme des mots libérateurs de son tout personnel égarement.
Un grand bonhomme, maigre et gris de cheveux et de costume, bien coiffé et rangé, mal à l'aise entre femme et homme, se moque des propos lucides, dégrade les raisonnements conscients, condamne la pensée d'autrui comme un juge de l'humanité toute entière.
Le grand bonhomme, blanc de figure et de mépris, indigné et délirant, errant dans sa pensée trop confuse pour nous, ordonne à son auditoire, tonne ses remarques, aboie ses critiques comme des mots libérateurs de son tout personnel isolement.