18 juillet...L'absent
Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami,
L'ami qui tous les soirs venait à cette table
Et qui ne viendra plus, la mort est misérable,
Qui poignarde le coeur et qui te déconstruit.
Il avait dit un jour : "Lorsque je partirai
Pour les lointains pays au-delà de la terre,
Vous ne pleurerez pas, vous lèverez vos verres
Et vous boirez pour moi à mon éternité."
Dans le creux de mes nuits, pourtant, je voudrais bien
Boire à son souvenir pour lui rester fidèle,
Mais j'ai trop de chagrin et sa voix qui m'appelle
Se plante comme un clou dans le creux de ma main.
Alors je reste là au bord de mon passé,
Silencieux et vaincu, pendant que sa voix passe
Et j'écoute la vie s'installer à sa place,
Sa place qui pourtant demeure abandonnée.
La vie de chaque jour aux minuscules joies
Veut remplir à tout prix le vide de l'absence
Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances,
Me prendre mon ami pour la seconde fois.
Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami.
Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami !
Mots Louis Amade
Musique Gilbert Bécaud
Interprète: Alice Dona
Guitare: Jean-Felix Lalanne
Album CD: L'essentiel
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Prière profane
Petit, te voilà Grand
Que les voûtes ancestrales
Te protègent
Que la beauté des pierres
Te rendent fier
Que les couleurs vitrées
Egaient ton chemin
Que les mots prononcés
Ne soient que vérités
Que tout ce qui te touche
Ne soit que justice
Que ceux qui étaient là
Et ceux qui n'y étaient pas
Te restent fidèles
Qu'envers et contre tout
Dans la générosité et la liberté
Ta Vie soit Belle.
Que sont mes amis devenus...
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
L'espérance de lendemains
Ce sont mes fêtes
Extrait adapté en français moderne de "La Griesche d'hiver"_Edition Poésie/Gallimard
Mis en musique par Léo Ferré / pour écouter, cliquer sur l'image...
Les gens comme ça
Il y a des gens comme ça
Qui n'ont pas les enfants
Qu'ils voulaient...
Parce que les gens comme ça
Se sont laissés rêver
A des enfants parfaits...
Parfaits
Parfaitement...
Mais tous ces gens comme ça
Ont perdu les miroirs
De la mémoire...
Parce que ces gens comme ça
N'ont pas été parfaits
Comme leurs parents les voulaient
Parfaits
Parfaitement...
Et tous ces gens comme ça
Cherchent l'enfant parfait
Qu'ils voulaient être...
A tous ces gens comme ça
Qui resteront toujours
D'imparfaits insatisfaits
Je veux écrire aimer
Je veux écrire sourire
Je veux écrire confiance
En l'avenir...
La peur
Semeur à la volée_Vincent Van Gogh
Comme il était fier le jardinier! Comme il était fort, comme il était grand!
Il avait planté cette graine d'enfant sans savoir trop pourquoi... ni quand...
Mais il lui était poussé ce petit naissant et il le voyait grandir, il était charmant...Lui, était content.
Et puis le temps, le vent, les choses avaient changé...Des rageurs menaçaient que rien n'était plus comme avant...
Errant parmi les faucheurs, les mangeurs, les douleurs, le jardinier et son enfant ont perdu l'horizon du bonheur...
Alors, ce petit, du jardinier si fier, si fort, si grand, s'est flétri avant l'heure et il sème à tous vents...la peur.
J'entends j'entends...
J'entends j'entends le monde est là
Il passe des gens sur la route
Plus que mon coeur je les écoute
Le monde est mal fait mon coeur las
Faute de vaillance ou d'audace
Tout va son train rien n'a changé
On s'arrange avec le danger
L'âge vient sans que rien se passe
Au printemps de quoi rêvais-tu
On prend la main de qui l'on croise
Ah mettez les mots sur l'ardoise
Compte qui peut le temps perdu
Tous ces visages ces visages
J'en ai tant vu des malheureux
Et qu'est-ce que j'ai fait fait pour eux
Sinon gaspiller mon courage
Sinon chanter chanter chanter
Pour que l'ombre se fasse humaine
Comme un dimanche à la semaine
Et l'espoir à la vérité
J'en ai tant vu qui s'en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère
J'entends leurs pas j'entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi
Ce qu'on fait de vous hommes femmes
O pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m'arrache l'âme
Les choses vont comme elles vont
De temps en temps la terre tremble
Le malheur au malheur ressemble
Il est profond profond profond
Vous voudriez au ciel bleu croire
Je le connais ce sentiment
J'y crois aussi moi par moments
Comme l'alouette au miroir
J'y crois parfois je vous l'avoue
A n'en pas croire mes oreilles
Ah je suis bien votre pareil
Ah je suis bien pareil à vous
A vous comme les grains de sable
Comme le sang toujours versé
Comme les doigts toujours blessés
Ah je suis bien votre semblable
J'aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu'au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez
Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir ce que dit ma bouche
Votre enfer est pourtant le mien
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez je saigne
Et je meurs dans vos mêmes liens
Quelle heure est-il quel temps fait-il
J'aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile
C'est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d'un trou
Edition Poésie/Gallimard _Extrait
Passé Présent
...il a vu des tulipes.
Le fleuriste a un jardin dans un faubourg : il y court au lever du soleil, et il en revient à son coucher ; vous le voyez planté, et qui a pris racine au milieu de ses tulipes et devant la Solitaire : il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près, il ne l’a jamais vu si belle, il a le cœur épanoui de joie ; il la quitte pour l’Orientale, de là il va à la Veuve, il passe au Drap d’or, de celle-ci à l’Agathe, d’où il revient enfin à la Solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner ; aussi est-elle nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées ; elle a un beau vase ou un beau calice : il la contemple, il l’admire. Dieu et la nature sont en cela tout ce qu’il n’admire point, il ne va pas plus loin que l’oignon de sa tulipe, qu’il ne livrerait pas pour mille écus, et qu’il donnera pour rien quand les tulipes seront négligées et que les œillets auront prévalu. Cet homme raisonnable, qui a une âme, qui a un culte et une religion, revient chez soi fatigué, affamé, mais fort content de sa journée ; il a vu des tulipes.
Les Caractères, « De la mode », n° 2 (Editions Classiques de poche)