Raison déraisonnable
La Raison qui s'impose
Envahit nos jardins
En bousculant les roses
D'un revers de la main
Accordant du crédit
Aux règles imbéciles
Étouffant sans merci
Nos esprits volubiles
La Raison pire encore
Accorde ses violons
Aux raisons du plus fort
Sans autre vocation
Son creuset de sagesses
Devient déraisonnable
Quand il mêle sans cesse
Sournois et convenable
Et dans ce tourbillon
D'ordres et de connivences
Nous approchons le fond
Du gouffre des silences
Et la vie nous revient
Insipide et sévère
Cultiver son jardin
Devient une chimère
Mais je veux espérer
Qu'à l'heure où tout est loi
Nos pensées oubliées
Vont reprendre leurs droits
L'esprit a plus d'un tour
Dans son sac malin
Pour balayer la cour
De ses travers malsains.
Marie Les couleurs du temps, Lloas _ Album
Les couleurs du temps, Lloas _ Album Construitimages
Première rencontre
Tu ne sais rien de moi
Et je sais tout de toi
Si tu es l'aube bleue
Je suis l'automne feu
Dans tes mains si fragiles
Il y a l'avenir
Dans les miennes dociles
Il ya le plaisir
C'est toi qui me découvres
Et c'est moi qui attend
Que tes paupières s'entrouvrent
Pour y trouver le temps
De nous aimer...
Les dimanches
Comme le bruit tranquille
De l'eau qui s'en va loin
Les rêves du dimanche
Portent la liberté
Jusqu'aux confins des jours
Vers les gloires insoumises
Des désobéissances
Vers la victoire possible
Des saines délivrances.
Il m'en souvient encore
De ces jours libérés
Du poids de l'exigence
Du fardeau du devoir
Des tâches accomplies
Ces jours de force neuve
Qui étouffent les plaintes
Des consciences assassines
Il m'en souvient toujours.
Défi
La bise a soufflé
Sur les sourires du coeur
Se moquant des regrets
Le sirocco détruit
Les moments enchanteurs
Assèchant les folies
Un zéphyr se lève
Trompeur et inconstant
Et balaie les rêves
Une brise s'installe
Doucereuse et ravie
Sur le temps en cavale
La tempête me guette
Mais je défie les vents...
Poème pour une photo de...Édouard Boubat
Musique d'un samedi...
Premier jour
Toi, l'enfant
Repas de famille
Les verres pleins de souvenirs
Débordent
Les plats se recomposent
En sourires
Et les coeurs s'accordent
Une pause
Toute la chaleur du monde
Réunie
L'invisible tendresse
Vagabonde
Dans l'espace infini
Des jeunesses
Le temps n'a plus pouvoir
De lutter
Et il laisse la vie
Boire
Pour se désaltérer
A l'envi.
11 janvier An XVI, pour Yvette et Maurice
Illustration d'après Norman Rockwell