Le laboureur de terre
Le laboureur de terre n'a jamais obtenu, au cours des siècles, la considération qui devrait naturellement être due à sa mission de pourvoyeur de nourriture. Il a toujours été relégué dans les plus basses couches du Tiers Etat. Il fait nombre, c'est tout, et anonymement, Jacques Bonhomme. Les livres d'histoire en parlent à peine et c'est là une constatation qui m'a frappé de bonne heure. Déprisé, même riche, par les classes dites supérieures qui commencent aux minables petits employés à col de celluloïd, déjà renié par les marchands de quelque chose qui sortent de son rang. Le coupeur de vers, le lourd-des-sabots, le plouc, le bouseux, n'est jamais à l'aise hors de son clan. Et son clan, il préfère y rester pour ne pas se gêner ni gêner les autres.
Le cheval d'orgueil (Editions Terre Humaine Poche)