Le jour de Niels
Niels XVII_Lloas
Album Construitimages
L'air est suave, le soleil est chaud, nos chevaux vont vite; les jeunes blés couvrent les terres d'un tapis déjà épais, mais à travers lequel on aperçoit encore le sol rougeâtre. Grâce aux reflets du soleil bas qui, en cette saison, caresse de plus près, c'est un revêtement de velours riche sur la plaine toujours mollement ondulée de notre vallée noire. Une légère vapeur argente les lointains. Dans les creux inondés, chaque sillon est un miroir ardent. Des volées de corbeaux, recevant le point lumineux sur leur plumage lisse, brillent aussi au soleil comme des escarboucles. Des pies affairées fouillent brusquement les mottes de terre mouillées, et se disent avec aigreur des choses malséantes à propos d'un fétu. Chacun pour soi, c'est le mot des partis.
George SAND
Impressions et souvenirs
Suspendue à ses fils en chemise de nuit
La pluie lit le journal au soleil de midi
Elle lit, et bientôt les nouvelles l'ennuient.
Quelle Terre à soucis! Que de mélancolie!
Et l'on croit qu'elle pleure alors qu'elle, la pluie,
Ne cesse dans son coeur de rire à la folie
- Si je tenais ici l'animal qui a dit:
"Triste comme la pluie", il verrait du pays!
En s'étirant, la pluie reprend le journal gris.
-Que dit la météo? "Aujourd'hui: de la pluie".
Alors elle soupire et s'en va dans Paris
Arroser les jardins, les chats et les souris.
Peinture: André Kohn
Il m' en souvient, Madame, de ce matin lycéen de Terminale où vous nous avez réunis pour nous présenter ce film document qui devait me faire passer, définitivement, à l'âge adulte.
Il m'en souvient, Madame, de ce court présent où vous nous avez commenté, calmement, les foudroyantes images de votre long passé.
Il m'en souvient, Madame, de vos paroles sans colère, sans violence, sans haine, juste sincères, fermes et décidées.
Il m'en souvient, Madame, de votre petite silhouette énergique et sévère, que nous craignions tant auparavant, qui m'est apparue, alors, si frêle et si humaine.
Il m'en souvient, Madame, qu'à cet instant, vous étiez grande, aussi grande que le numéro tatoué sur votre bras.
Il m'en souvient, Madame, de votre dernière mise en garde :
" Votre génération devra craindre les discours prometteurs, sauveurs, enchanteurs
qui peuvent conduire au pire,
de tous horizons qu'ils viennent...
Restez toujours vigilants ! Votre vie en dépend."
MERCI, MADAME...
à la mémoire de Madame Castellano, surveillante générale du Lycée Antoine Charial, Lyon 3e.
Réalisation Alain Resnais
Texte Jean Cayrol
Musique Hanns Eisler
Deux tziganes sans répit
Grattent leur guitare
Ranimant du fond des nuits
Toute ma mémoire
Sans savoir que roule en moi
Un flot de détresse
Font renaître sous leurs doigts
Ma folle jeunesse
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Jouez tziganes jouez pour moi
Avec plus de flamme
Afin de couvrir la voix
Qui dit à mon âme
Où as-tu mal ? Pourquoi as-tu mal ?
Ah ! t'as mal à la tête
Mais bois, bois un peu moins aujourd'hui tu boiras plus demain
Et encore plus après-demain
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Je veux rire et veux chanter
Et saoûler ma peine
Pour oublier le passé
Qu'avec moi je traîne, allez!
Apportez-moi du vin fort
Car le vin délivre
Versez, versez, versez m'en encore
Pour que je m'enivre
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Deux guitares en ma pensée
Jettent un trouble immense
M'expliquant la vanité
De notre existence
Que vivons-nous ? Pourquoi vivons-nous ?
Quelle est la raison d'être ?
Tu es vivant aujourd'hui, tu seras mort demain
Et encore plus, bien plus après-demain
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Quand je serais ivre-mort
Faible et lamentable
Et que vous verrez mon corps
Rouler sous la table, alors
Alors vous pourrez cesser
Vos chants qui résonnent
En attendant, jouez
Jouez je l'ordonne !
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz
Ekh raz yechtcho raz yechtcho mnogo mnogo raz....
Mots: Charles Aznavour
Musique tzigane: Sasha Makarov
Je suis parti sur le chemin
Qui devait m'emmener bien loin...
Loin des pensées assassines,
Loin des chagrins
Sans imaginer où j'allais.
Aller...Oublier... J'avançais...
Trouver une petite joie,
L'espoir, la paix.
Et là, par hasard, s'est dressée
Celle que j'avais toujours aimée,
La discrète, l' inaccessible,
Toujours fermée.
Alors, devant mes yeux charmés,
Celle dont j'avais toujours rêvé
M'a tendu sa porte ouverte
Pour m'inviter...
18 avril An XVII, pour Cognatino
Peinture: Murnau, Vassily Kandinsky