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Lloas

15 novembre 2009

Un dimanche particulier

Un dimanche particulier

Dis…Il y a des moments où plus rien n’existe qu’une porte qui s’ouvre sur une vague de tendresse de deux grands et un tout petit qui entrent chez toi, te rapportant, cette amitié amputée, enfouie et douloureuse depuis que tu es partie, pour la faire renaître dans l’instant, entière, fidèle et réconfortante de te savoir encore là… !

...pour Julie,Guillaume,Thomas...signature_Lloas15 novembre an IX

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12 novembre 2009

Lettre

du 16 mars 1915, de Théophile Maupas, Instituteur au Chefresne,

« Me voilà encore une fois ayant plutôt l’air d’un mort que d’un vivant. Mon cœur déborde, tu sais ; je ne me sens pas la force de réagit; c’est inutile, c'est impossible.

J’ai pourtant reçu hier les deux boîtes que tu m’as envoyées, contenant sardines, beurre, réglisse, figues, pommes et mon beau petit sac et les belles canes. J’étais bien heureux, mais je me suis tourné vers la muraille et de grosses gouttes, grosses comme mon amour pour les miens ont roulé abondantes et bien amères. Dans ces moments où je songe à tout ce qui se passe d’horrible et d’injuste autour de moi sans avoir une ombre d’espoir Eh bien, tu sais, je suis complètement déprimé. Je n ai plus la force ni de vouloir ni d’espérer quoi que ce soit. Je ne vais pas continuer; ma pauvre Blanche, je ne vais pas continuer je te ferai de la peine, trop de peine etje pleurerais encore.

Aujourd’hui je vais savoir le résultat de l’affaire. Comme c’est triste, comme c’est pénible ; mais je n’ai rien à me reprocher ; je n’ai ni volé ni tué ; je n’ai sali ni l’honneur ni la réputation de personne. Je puis marcher la tête haute. Ne t’en tracasse pas, ma petite Blanche. Il y a bien assez de moi à songer à ces tristes choses; c’est pénible, attendu qu’à mon âge, ni dans la vie civile ni dans la vie militaire je n ‘avais dérogé à mon devoir.
Pour quiconque n’a pas d’amour propre, ce n’est rien, absolument rien, moins que rien. Moi qui ai du caractère, qui m’abats, me fais du mauvais sang pour un rien, eh bien, tu sais, ma bonne petite, j’en ai gros sur le cœur. Il me semblait pourtant que depuis mon enfance, j’avais eu assez de malheur pour espérer quelques bons jours. C’est ça la vie ! Oh alors, ce n’est pas grand chose ! Que de gens comme moi qui ont un foyer et qui ne sont plus ! des petits enfants qui appelleront souvent leur papa, une femme adorée qui se rappellera son mari dévoué ; c’est bien triste quand je songe à ces noires choses.

Allons, courage ! courage mon petit bonhomme, soutenons-nous, aimons-nous !

J’embrasse ton beau petit sac, ta bonne lettre, ta carte, tes cheveux; tout est là dans un petit coin de mon sac. Je l’ouvre souvent ce vieux sac pour y voir mes objets chers qui sont une partie de toi et de mon petit Jean. Pauvre petite!

Allons, courage, mon petit soldat ! Je me serre bien dur contre toi, ne me quitte pas et veille bien sur moi.
Embrasse bien fort ma Jeannette. Que je t’aime, mon Dieu et que je pleure »

 

classe_de_Theophile Maupas

1914_Classe de Théophile Maupas

40 ans_Fusillé le 17 mars 1915, pour l'exemple...

 

avec Louis LEFOULON_30 ans(Cheminot), Louis GIRARD_28 ans (Horloger),

Lucien LECHAT_23 ans(Garçon de café)

"Le fusillé" (Edition Isoète)_1934 le_fusille Blanche Maupas, Institutriceblanche_maupas

11 novembre 2009

11...14...18...

Les deux squelettesMarcel Chabot- Anthologie des écrivains pacifistes, 1916.

 

 

Un Français, un Prussien, dans les ombres d’un bois

Sont tous deux à l’affût…Ils tirent à la fois,

Et tombent gémissants dans un fossé du bois.

Côte à côte gisants à travers les fougères,

Ecrasés tous les deux par les mêmes misères,

Ils se parlent, saignants, sur un lit de fougères.

Ils sentent s’avancer les pas noirs de la Mort.

- Quel âge as-tu ? – Vingt ans, fait l’un dans un effort.

Autour de leurs vingt ans rôde à pas lents la Mort.

Les yeux voilés de pleurs, ils sourient à leurs mères

Qui, le regard éteint par les larmes amères,

De loin baisent leur âme…Ils sourient à leurs mères.

L’homme ne peut mourir sur le bord d’un chemin

Sans qu’auprès de lui batte et pleure un cœur humain.

Ils enlacent leurs mains sur le bord du chemin.

Chacun d’eux en luttant contre l’heure suprême

Sent un frère qui veille et qui l’aime quand même

Et moins dure à leur cœur semble l’heure suprême…

(…)

Un an plus tard on vit dans un fossé du bois

Deux squelettes blanchis qui s’étreignaient les doigts.

 

Poèmes pour la paixPaul Eluard- Poésies 1913-1926

                               I

Toutes les femmes heureuses ont

Retrouvé leur mari – il revient du soleil

Tant il apporte de chaleur.

Il rit et dit bonjour tout doucement

Avant d’embrasser sa merveille.

                              II

Splendide, la poitrine cambrée légèrement,

Sainte ma femme, tu es à moi bien mieux qu’au temps

Ou avec lui, et lui, et lui, et lui,

Je tenais un fusil, un bidon – notre vie !

                            III

J’ai eu longtemps un visage inutile,

Mais maintenant

J’ai un visage pour être aimé

J’ai un visage pour être heureux.

  Les poètes de la grande guerre (Edition du Cherche midi) les_po_tes_de_la_grande_guerre

10 novembre 2009

Mon vieux pataud

Rouillé perclus courbé sur son bâton de chêne
Quand Butaud l'braconnier dut r'noncer à l'affût
Bien qu'on ne l'aimât guère vu son âge et sa gène
Au bureau d'Bienfaisance tout d'même on l'secourut
Au cabaret jamais on ne le voyait boire
Il passait fier avec son chien causant quéqu'fois
Pour dire que l'assistance étant obligatoire
C'est sans honte qu'il touchait son s'cours au bout d'chaque mois
Puis il sifflait son chien allons mon vieux Pataud
Et tous deux s'en allaient le vieux parlant tout haut

Mon vieux Pataud toi qu'est qu'une bête
T'es bien meilleur que certaines gens
T'as pas deux sous d'malice en tête
Quand tu veux mordre on voit tes dents
Tandis qu'les hommes bêtes à deux pattes
Sous des sourires cachant leurs crocs
A l'instant même où ça vous flatte
Ça vous mang'rait cœur et boyaux
Personne nous deux Pataud n'a pu nous humilier
Moi j'n'ai jamais eu d'maître et toi t'as pas d'collier

Un jour comme il sortait du bureau d'Bienfaisance
Il salua m'sieur l'maire qui dit bonjour Butaud
Tiens c'est à toi c'chien là oui dit l'vieux sans méfiance
Un' brav' bête presqu'aussi vieille qu'moi n'est ce pas Pataud
J'comprends répondit l'maire c'est un ancien complice
On s'aime pardi seul'ment Butaud moi j'te préviens
Entre tes s'scours et ton cabot faut qu'tu choisisses
L'argent des indigents n'est pas fait pour les chiens
Et comme le vieux n'voulait en faire qu'à sa tête
On résolut d'comprendre mieux qu'lui ses intérêts
Un soir donc lâchement on tira sur la bête
Qui toute sanglante vint s'étendre auprès des ch'nets
Alors le vieux Butaud saisit sa cartouchière
Il arma son fusil en grondant assassins
Mais Pataud fit entendre une plainte légère
Et le vieux en pleurant se pencha sur son chien
Et comme la bête semblait lui dire achève-moi
Le bonhomme à genoux fit un signe de croix

Mon vieux Pataud nous sommes trop bêtes
Pour comprendr' quéqu'chose à la loi
Finissons en la charge est prête
Un coup pour toi un coup pour moi
Pataud on va partir ensemble
Au pays d'où qu'personn' ne r'vient
Mon Dieu mon Dieu tout d'même j'en tremble
Pardonn' moi Pataud tiens toi bien
Et c'est comme ça qu'l'on vit doucement dans les cieux
Monter l'âme d'un chien avec l'âme d'un gueux.

MOTS Raoul Le Peltier

musique Albert Valsien

mon vieux pataud

Interprète Berthe Sylva

Album CD "Les légendes de la chanson française" mon_vieux_pataud

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6 novembre 2009

Passé parfait

pass__parfait

Le passé a ceci de paisible

Que tout y est plus sûr

Les peines irréductibles

Tout y est enfermé

Les blessures terribles

Les vengeances obscures

Les haines inadmissibles

Les moments abîmés.

 

Et si la Terre s'en va

Sans jamais revenir

Nous pouvons dans ses pas   

Revoir qui nous étions

Le temps est ici bas

Difficile à saisir

La mémoire a des droits

Sur nos agitations.

 

Le passé a ceci de facile

Que tout est décidé

L’important, le futile

Les joies sont consommées

Le bonheur est docile

La tendresse avouée

L’amitié sans péril

Et l’amour sublimé.

Comme l’arbre attaché

A sa terre de naissance

Nous n’allons rien chercher

Qui ne soit déjà là

Comme le rocher usé

Par la vague qui danse

Ne pouvons rien bouger

Des souffrances et des joies.

Le passé a ceci de parfait

Que tout y est en place

Le bon comme le mauvais

Les espoirs sont moins lourds

Aucun danger n’effraie

Les gloires sont sans menace

Les rêves sont seulement vrais

Les doutes n’ont plus cours.

 

signature_Lloas 6 novembre An IX

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2 novembre 2009

Voir un ami pleurer

Bien sûr, il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr, tout ce manque de tendre
Et il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr, l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur vous monte au nez
Bien sûr, on marche sur les fleurs
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr, les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr, nos cœurs perdent leurs ailes
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr, le temps qui va trop vite
Ces métro remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juif
Ni l'élégance d'être nègre
On se croit mèche, on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonné
Que, par amour, ils nous lacèrent
Mais, mais voir un ami pleurer !

Mots et musique

Jacques Brel

Album CD "Les marquises"brel_les_marquises

Cliquer droit_ouvrir le lien dans un nouvel onglet_pour écouter: http://www.deezer.com/listen-2296844

31 octobre 2009

La rose, la bouteille et la poignée de main

Cette rose avait glissé de
La gerbe qu'un héros gâteux
Portait au monument aux Morts.

Comme tous les gens levaient leurs
Yeux pour voir hisser les couleurs,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route et m'en allai quérir,
Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir.
Car c'est une des pires perversions qui soient
Que de garder une rose par-devers soi.

La première à qui je l'offris
Tourna la tête avec mépris,
La deuxième s'enfuit et court
Encore en criant "Au secours! "
Si la troisième m'a donné
Un coup d'ombrelle sur le nez,
La quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Fleurir de belles inconnues.
On est tombé bien bas, bien bas...
Et ce pauvre petit bouton
De rose a fleuri le veston
D'un vague chien de commissaire,
Quelle misère!

Cette bouteille était tombée
De la soutane d'un abbé
Sortant de la messe ivre mort.

Une bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route en cherchant, plein d'espoir,
Un brave gosier sec pour m'aider à la boire.
Car c'est une des pires perversions qui soient
Que de garder du vin béni par-devers soi.

Le premier refusa mon verre
En me lorgnant d'un œil sévère,
Le deuxième m'a dit, railleur,
De m'en aller cuver ailleurs.
Si le troisième, sans retard,
Au nez m'a jeté le nectar,
Le quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête, d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Trinquer avec des inconnus.
On est tombé bien bas, bien bas...
Avec la bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Les flics se sont rincé la dalle,
Un vrai scandale!

Cette pauvre poignée de main
Gisait, oubliée, en chemin,
Par deux amis fâchés à mort.

Quelque peu décontenancée,
Elle était là, dans le fossé.
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route avec l'intention
De faire circuler la virile effusion,
Car c'est une des pires perversions qui soient
Qu' de garder une poignée de main par-devers soi.

Le premier m'a dit: "Fous le camp !
J'aurais peur de salir mes gants."
Le deuxième, d'un air dévot,
Me donna cent sous, d'ailleurs faux.
Si le troisième, ours mal léché,
Dans ma main tendue a craché,
Le quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Serrer la main des inconnus.
On est tombé bien bas, bien bas...
Et la pauvre poignée de main,
Victime d'un sort inhumain,
Alla terminer sa carrière
A la fourrière!

Mots et musique

Georges Brassens

Album CD "La religieuse" (vol 10)brassens_la_religieuse_vol_10

Cliquer droit_ouvrir le lien dans un nouvel onglet_pour écouter: http://www.deezer.comwww.deezer.com/listen-917425

28 octobre 2009

Impérieux besoin

J'éprouve un impérieux besoin de n'appartenir à personne […]. C'est le moment de se recueillir, de n'obéir qu'à son sentiment individuel, d'échapper à l'ivresse collective et d'exprimer ce qu'on a en soi en s'isolant de toute influence extérieure du moment.

George Sand 

(Lettre à Paul Meurice, 29 mars 1872)

Correspondance Tome XXII (Edition Georges Lubin)  Correspondance_Sand__dition_georges_lubin_25_tomes_

27 octobre 2009

Il a écrit...

phare_de_la_Vieille

Vis comme si tu devais mourir demain.

Apprends comme si tu devais vivre toujours.

Gandhi

26 octobre 2009

Errance aveugle

Errance aveugle

Qui est cet humain au pas de soldat que je viens de croiser ? Un homme de réussite jusqu’au bout de sa sacoche Vuitton, une femme de pouvoir jusqu’au bout de son sac Hermès...

Où va cette démarche surmultipliée et démesurément suractivée ? Vers une simple journée ou vers un impossible défi ...

Quel est cet étrange regard fixe et lointain ? Celui d’un homme caché derrière ses craintes d'échec ou celui d’une femme dissimulée derrière l'écran de ses doutes...

Que veut dire cette bouche résolument fermée? Que toi, l’homme, tu ne diras rien qui puisse trahir tes envies de douceur reposante ou que toi, la femme, tu tairas tes espoirs de tendresse apaisante...

Que veulent dire ces lèvres décidément sans sourire? Que l'on n'a pas le temps au coeur d'une bataille ou que l'on ne peut pas lorsque la peur vous hante...

Que voulez-vous nous montrer lorsque vous nous croisez ? Que votre vie est pleine de grandes satisfactions gagnées à la force de vos obligations ou vide de petits bonheurs atteints à la mesure de vos rêves...

Qu'allez-vous chercher? Une volonté incontournable qui vous rapprochera  de vos besoins vitaux de reconnaissance ou un miracle qui vous emmènera loin de vos habitudes destructrices de règne...

A qui mentez-vous lorsque vous arborez votre réussite à tout vent, quand vous dédaignez vos foules d'admirateurs alentour, quand vous entretenez vos flatteurs du moment, quand vous vous repaissez de votre gloire à chaque question, quand vous vous gargarisez de vos victoires dans chaque réponse?

A qui mentez-vous quand vos compagnons vous quittent, quand vos amis pleurent, quand vos enfants s’en vont, ou quand vos parents meurent...loin de vous ?

Qui êtes vous, vous que je croise, vous qui errez, vous qui vous efforcez de ne pas me voir pour éviter de me regarder…?

signature_Lloas 26 octobre an IX

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