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Lloas
17 février 2018

Bien au chaud

Dans ma maison, bien au chaud,
je vois le jour qui s'enfuit
et les étoiles là-haut
qui s'allument dans la nuit.

J'entends le vent qui s'élance
entre les tuiles du toit
et les grands arbres qui dansent
à la lisière du bois.

Chez moi, je suis à l'abri.
Je bois un bon lait bouillant.
Je n'ai pas peur de la pluie,
de l'hiver et du grand vent.

Ann ROCARD

Ann ROCARD_1954

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9 mars 2018

Générosité

.../...
Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l’un après l’autre avec beaucoup d’attention, séparant les bons des mauvais. Je fumais ma pipe. Je me proposai pour l’aider. Il me dit que c’était son affaire. En effet : voyant le soin qu’il mettait à ce travail, je n’insistai pas. Ce fut toute notre conversation. Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits ou ceux qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près. Quand il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s’arrêta et nous allâmes nous coucher.
La société de cet homme donnait la paix. Je lui demandai le lendemain la permission de me reposer tout le jour chez lui. Il le trouva tout naturel, ou, plus exactement, il me donna l’impression que rien ne pouvait le déranger. Ce repos ne m’était pas absolument obligatoire, mais j’étais intrigué et je voulais en savoir plus. Il fit sortir son troupeau et il le mena à la pâture. Avant de partir, il trempa dans un seau d’eau le petit sac où il avait mis les glands soigneusement choisis et comptés.
Je remarquai qu’en guise de bâton, il emportait une tringle de fer grosse comme le pouce et longue d’environ un mètre cinquante. Je fis celui qui se promène en se reposant et je suivis une route parallèle à la sienne. La pâture de ses bêtes était dans un fond de combe. Il laissa le petit troupeau à la garde du chien et il monta vers l’endroit où je me tenais. J’eus peur qu’il vînt pour me reprocher mon indiscrétion mais pas du tout : c’était sa route et il m’invita à l’accompagner si je n’avais rien de mieux à faire. Il allait à deux cents mètres de là, sur la hauteur.
Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non. Savait-il à qui elle était ? Il ne savait pas. Il supposait que c’était une terre communale, ou peut-être, était-elle propriété de gens qui ne s’en souciaient pas ? Lui ne se souciait pas de connaître les propriétaires. Il planta ainsi cent glands avec un soin extrême.
Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis, je crois, assez d’insistance dans mes questions puisqu’il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille était sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n’y avait rien auparavant.
.../...

Jean GIONO

L'Homme qui plantait des arbres_Jean Giono

 

14 mars 2018

L'absence

.../...
Il savait où elle se trouvait, car elle* le lui avait appris quand il avait été en âge de comprendre: elle travaillait à Paris où elle était partie peu après sa naissance. Elle écrivait souvent, et il guettait le facteur, à midi, en rentrant de l'école. Á l'aller comme au retour, il courait tout au long des deux kilomètres qui séparaient la maison de Louisa du village, suivant le sentier bordé de haies vives et de noisetiers, qui, après être descendu jusqu'au cimetière, remontait vers des maisons coiffées de tuiles rousses. L'école était un petit bâtiment aux portes et aux fenêtres encadrées de briques et fleuri de lilas, au printemps, entre la salle de classe et le préau. Trente mètres avant la grille de l'entrée, une vierge aux couleurs douces,  jaunes et bleues, s'abritait dans une grotte, vestige d'une mission de 1880. Germain s'arrêtait chaque fois devant elle pour l'implorer: "S'il vous plaît, faîtes que ma mère revienne vite."

Un jour, avant de prendre la route de Paris, elle lui avait dit en le serrant dans ses bras:
- Bientôt je reviendrai et nous ne nous quitterons plus.
Depuis, il s'attachait à ses mots, se les répétait jour et nuit: "Je reviendrai et nous ne nous quitterons plus." Cet espoir l'aidait à supporter son absence mais ne l'empêchait pas d'en souffrir.
.../...

* Louisa, la femme bonne et généreuse qui a accepté de s'occuper de l'enfant.

Christian SIGNOL

Ils rêvaient des dimanches_Christian Signol

 

19 février 2018

Le soleil d'hiver

Paul Klee

Il a le regard franc
Il est là éclatant
Nous rayonnant la joie

Il n'est ni chaud, ni froid
Il est discret, charmant
Il prend même le temps
De se laisser glisser
Dans chaque maisonnée
Juste pour la lumière
Le soleil d'hiver.

Lloassignature19 février An XVIII

Peinture: Paysage du temps passé_Paul Klee (peintre allemand)

8 mars 2018

Et je pense...

la femme aux yeux bleus_Modigliani-1918

Á la très sage Fleur
Élevée en douceurS
Si jolie comme un coeur
Objet d'éblouissement

Á la timide Hortense
Élevée en silenceS
Si sage comme un ange
Objet de ravissement

Á la gracieuse Elvire
Élevée en sourireS
Si douce comme zéphyr
Objet d'émerveillement

Á l'élégante Lilly
Élevée en harmonieS
Si belle à l'infini
Objet d'engouement

Et je pense...

Á la violence...

Lloassignature8 mars An XVIII

Peinture: La femme aux yeux bleus_Amedeo Modigliani (peintre italien)

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21 décembre 2009

Melocoton

Melocoton et Boule d’Or
Deux gosses dans un jardin ...

Melocoton, où elle est Maman ?
J’en sais rien; viens, donne-moi la main
Pour aller où ?
J’en sais rien, viens

Papa il a une grosse voix
Tu crois qu’on saura parler comme ça ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main

Melocoton, Mémé elle rit souvent
Tu crois qu’elle est toujours contente ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main 

Perrine, elle est grande, presque comme Maman
Pourquoi elle joue pas avec moi ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main

Christophe il est grand, mais pas comme Papa
Pourquoi ?
J’en sais rien ; viens, donne-moi la main

Dis Melocoton, tu crois qu’ils nous aiment ?
Ma petite Boule d’Or, j’en sais rien
Viens...  donne-moi la main

Mots et musique

 Colette Magny

Album CD "Trésors chansons françaises" tr_sors_chansons_fran_aises

Cliquer droit_Ouvrir le ien dans un nouvel onglet_Pour écouter: http://www.deezer.com/listen-566733

17 mai 2011

Orangement

Suicide

Trou
Vertige d'épuisement
Tomber
Ne pas se relever
Et ne plus rien tenter
Sinon l'ultime geste
Se donner le mérite
Du devoir accompli
Toujours insuffisant
Vivant
S'accorder la victoire
Puisqu'elle n'est pas possible
Autrement
Ne pas avoir à dire
Pourquoi
Ne plus avoir à taire
Comment
Enfin franchir le pas
Seul maître de son droit
Ne plus demander
Ne plus attendre
Ne plus accepter
Décider
Enfin.
...A la mémoire des suicidés d' Orange...Lloassignature17 mai An XI

2 avril 2009

La visite

On n'était pas des Barbe-Bleue

Ni des pelés, ni des galeux,

Porteurs de parasites.

On n'était pas des spadassins,

On venait du pays voisin,

On venait en visite.

 

On n'avait aucune intention

De razzia, de dépradation,

Aucun but illicite,

On venait pas piller chez eux,

On venait pas gober leurs œufs,

On venait en visite.

 

On poussait pas des cris d'indiens,

On avançait avec maintien

Et d'un pas qui hésite.

On braquait pas des revolvers,

On arrivait les bras ouverts,

On venait en visite.

 

Mais ils sont rentrés dans leurs trous,

Mais ils ont poussé les verrous

Dans un accord tacite.

Ils ont fermé les contrevents,

Caché les femmes, les enfants,

Refusé la visite.

 

On venait pas les sermonner,

Tenter de les endoctriner,

Pas leur prendre leur site.

On venait leur dire en passant,

Un petit bonjour innocent,

On venait en visite.

 

On venait pour se présenter,

On venait pour les fréquenter,

Pour qu'ils nous plébiscitent,

Dans l'espérance d'être admis

Et natularisés amis,

On venait en visite.

 

Par malchance, ils n'ont pas voulu

De notre amitié superflue

Que rien ne nécessite.

Et l'on a refermé nos mains,

Et l'on a rebroussé chemin,

Suspendu la visite,

Suspendu la visite.

Mots et musique

Georges Brassens

brassens

Chansons d'aujourd'hui (Edition Seghers)

Album CD "Don Juan" (vol.12) 0731458635529

Cliquer droit_ouvrir le lien dans un nouvel onglet_pour écouter: http://www.deezer.com/listen-2262659

28 décembre 2009

Séraphine Louis

S_raphine_Louis Photo: Anne-Marie Uhde

Née le 3 septembre 1864, d'un père "manouvrier" et d'une mère paysanne.En 1901, elle travaille comme femme de ménage dans les familles bourgeoises de Senlis. Tout en travaillant, elle se met à peindre à la bougie dans un grand isolement, en mélangeant Ripolin, huile d'église, sang, boue, herbes pilées...et accomplit une œuvre considérable. Le collectionneur d'art allemand Wilhelm Uhde, installé à Senlis en 1912, découvre ses peintures et lui apporte son soutien. Il organise une exposition Les peintres du Cœur sacré qui permet à Séraphine d'accéder à une certaine prospérité financière. Gravement perturbée par la "grande dépression" de 1930, et les difficultés dans le marché de l'art, qu'elle ne comprend pas,  elle sombre dans la folie et s'arrête de peindre. Elle meurt à L'Hôpital Psychiatrique de Clermont le 11 décembre 1947.

Ses œuvres sont exposées par WilhemUhde : en 1932, exposition Les primitifs modernes à Paris ; en 1937-38, exposition Les maîtres populaires de la réalité, à Paris, Zürich, New-York (MOMA) ; en 1942, exposition Les primitifs du XX° siècle à Paris ; en 1945, exposition consacrée à Séraphine seule à Paris.

Lui ont été consacrés:  en Octobre 2008 , un film "Séraphine"de Martin Provost avec Yolande Moreau; du 1er octobre 2008 au 5 janvier 2009, une exposition "Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis", au Musée Maillol à Paris

Possèdent plusieurs de ses œuvres: Le musée Maillol à Paris, le musée d'art de Senlis, le musée d'art naïf de Nice et le musée d'art moderne Lille Métropole à Villeneuve-d'Ascq 

8 janvier 2015

Apôtre: Personne qui se met au service d'une cause, d'une idée...

Charlie Hebdo

Douze Apôtres
Du rire
Sont partis
Sous la violence
De la folie.

Pour des sourires.

Que leurs sourires demeurent...

Douze Apôtres
De l'espoir
Sont tombés
Sous les feux
Meurtriers.

Pour la liberté.

Que leur liberté demeure...

Douze Apôtres
Du bonheur
Ont péri
Sous les cris
Des soumis.

Pour la vie.

Que leur vie demeure...

Lloassignature Lendemain du 7 janvier An XV

26 janvier 2015

Il y a des mots...

 ../..
  Il y a des mots qui font vivre
  Et ce sont des mots innocents
  Le mot chaleur le mot confiance
  Amour justice et le mot liberté
  Le mot enfant et le mot gentillesse
  Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
  Le mot courage et le mot découvrir
  Et le mot frère et le mot camarade
  Et certains noms de pays de villages
  Et certains noms de femmes et d’amies

../..

Paul Eluard

paul-eluard-au-rendez-vous-allemand-

 

 

 

 

 

Extrait du Poème "Gabriel Péri"_Au rendez-vous allemand, Paris, Éditions de Minuit, 1945.

7 avril 2015

La petite madeleine de Proust...

Autrefois, il n'y a pas si longtemps au fond, les classes se terminaient le samedi après-midi à quatre heures et demie; Naturellement, on aurait dû dire seize heures trente... mais , à cette époque le temps était différemment perçu qu'il l'est de nos jours

/.../ Il y avait "la lecture du samedi après-midi"
/.../ Le maître ou la maîtresse s'éclaircissait la voix; le silence se faisait, même du côté des plus bavards, et le temps semblait alors suspendu. Suivant les saisons, on pouvait entendre tomber la pluie, la neige ou voler une mouche! (avant-propos_Albine Novarino)

Lecture

Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique que je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était ma chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là); et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où l'on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire les courses, les chemins que l'on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés, s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M.Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.

Marcel Proust
Du côté de chez Swann (1913)

Carnet de lectures (Editions De Borée)carnet de lectures

Merci, à mes enfants, Constance et Jordan, pour ce cadeau....

 

9 avril 2015

Le moment de la dictée...

Ces dictées qui nous promènent dans le temps, de Victor Hugo à Guy de Maupassant, éveillent en nous des échos du passé, des souvenirs plus ou moins heureux, d'autant qu'elles sont accompagnées de questions de vocabulaire ou de grammaire /.../(avant-propos_ Albine Novarino)

Dictée

Paris avait glacé en moi cette fièvre de mouvement que j'avais subie à Nohant.Tout cela ne m'empêchait pas de courir sur les toits au mois de décembre et de passer des soirées entières nu-tête dans le jardin en plein hiver; car dans le jardin aussi, nous cherchions le grand secret et nous y descendions par les fenêtres quand les portes étaient fermées.
C'est qu' à ces heures-là nous vivions par le cerveau, et je ne m'apercevais plus que j'eusse un corps malade à porter.
Avec tout cela, avec ma figure pâle et mon air transi, dont Isabelle faisait les plus plaisantes caricatures, j'étais gaie intérieurement. Je riais fort peu, mais le rire des autres me réjouissait les oreilles et le coeur.

George Sand
Histoire de ma vie (1854)

Questions

Grammaire: "subie" est au féminin parce que la narratrice est une femme: vrai ou faux. Expliquez.

Orthographe: combien y a-t-il de sortes d'accents? Donnez des exemples trouvés dans le texte.

L'auteur: George Sand

1) S'agit-il du vrai prénom de l'auteur?
2) S'agit-il de son patronyme?
3) Expliquez pourquoi il n'y a pas de "s" à George?

Réponses

Grammaire: Faux. "subie" est au féminin parce qu'il s'accorde avec le Complément d' Objet Direct "fièvre", nom féminin, placé avant le verbe

Orthographe: Il y a trois types d'accents: aigu (glacé), grave (fièvre), circonflexe (empêchait)

L'auteur: George Sand

1) Non, George n'est pas son vrai prénom. Son prénom est Aurore.

2) Non, Sand n'est pas son patronyme. Son patronyme est Dupin. Sand est un pseudonyme emprunté à Jules Sandeau, son ami (première partie de son nom).

3) Il n'y a pas de "s" à George parce que l'auteur a choisi l'orthographe anglaise, suivant la mode de l'époque.

 Carnet de dictées (Editions De Borée)carnet_de_dictee

 Merci à mes enfants, Constance et Jordan, pour ces pages de souvenirs d' écolière...

 

4 mai 2009

Petite fleur

Une petite fleur souriait à mes pieds...Et elle semblait me dire...Regarde comme je suis minuscule et pourtant...Je suis inespérée, je suis ce que toi même, il y a quelque temps, tu étais... Je suis de ce vieux bois des rêves qui ont vécu et qui se perpétuent. Je suis la nouvelle sève des veines d'autrefois. Que t'est-il arrivé? As-tu donc oublié le roseau de la fable qui plie mais ne rompt pas? As-tu donc oublié que le chêne si fort pouvait, à tout moment, être déraciné? Sais-tu que ce géant n'a pas grand chose à dire, à faire ou à donner? Sais-tu qu'il ne sait pas ce qu'il fait, là, sur terre? Sais-tu qu'il ne sait pas où trouver sa survie?

Mon immense voisin se veut irremplaçable, il s'accroche à la vie sans savoir d'où il vient, ignorant tout d'avant, de ce qui l'a fait naître, il ne s'en souvient plus...Il est trop vieux...Il n'imagine pas ce que sera après, ce que sera son fils, si même il en a un.... Il s'en moque...Il est fier d'abriter les oiseaux de passage, qui vont l'abandonner plus vite qu'il ne le pense, il change ses habits à la moindre saison, faisant par fourberie ce qu'on prend pour sagesse, il se dévêt sans gêne et se taît sans pudeur devant les rigueurs graves, il s'habille de neuf et parade sans honte quand la douceur revient...

Moi, petite, je sais que mes prédécesseurs m'ont laissé le beau rôle de donner ma parure à la belle saison, de grandir sous la pluie, de lutter sans faiblir, racines en avant, sous l'orage qui m'abat, de renaître plus fière aux rayons du soleil...Petite, je le suis mais j'ai mille  saveurs dans mon coeur nourricier...J'offre tout ce que j'ai sans jamais rien compter, sans jamais rien changer et puis, quand l'air se glace, et que je n'ai plus rien, je m'éteins doucement en laissant derrière moi de minuscules graines qui seront mes enfants, de nouvelles petites fleurs, avec la même force , la même volonté d'embellir la vie, de ne jamais céder aux grands opportunistes... Je suis petite mais...vraie grandeur ne se voit...

signature_Lloas 4 mai An IX

Petite fleur

  

12 juin 2009

Le tam-tam fou de l'amour dans le coeur...

L’Afrique, petit Chaka ?
L’Afrique est noire comme ma peau,
elle est rouge comme la terre,
elle est blanche comme la lumière de midi,
elle est bleue comme l’ombre du soir,
elle est jaune comme le grand fleuve,
elle est verte comme la feuille du palmier.

La brousse est pleine de bruits :
elle babille, elle bourdonne, elle rugit .

Mon village, petit Chaka :
de l’argile et de la paille !
Une vingtaine de cases, pas plus,
qui font la ronde autour de l’arbre
à palabres, le grand baobab
sous lequel se discutent
toutes affaires importantes.

Kadidja-ma-mère, petit Chaka,
n’est pas restée longtemps
mince comme une liane.

Elle, pauvre mais belle comme un ciel
de printemps après la pluie.

Le soir, à la veillée, il s’asseyait
sous les étoiles avec sa kora
et il racontait des histoires
Jusqu’à ce que nos oreilles
ne puissent plus entendre.

Lui, fils de roi et le tam-tam fou
de l’amour dans le cœur.

Mots et Illustrations

Marie Sellier et  Marion Lesage

L'Afrique, petit Chaka...(Editions Réunion des Musées nationaux)

petit_chaka

13 mai 2016

Symbole universel et intemporel

Le symbole de l'Arbre de Vie
représente différentes qualités et vertus comme la sagesse, la force, la protection, la bonté....

Il est également considéré comme un symbole de création.

Il assure la protection, permet une production abondante de fruits et de ce fait, la régénération.

le chêne

Les Celtes de l'Antiquité
pensaient que les arbres avaient des pouvoirs en fournissant nourriture, abri et  chaleur.

Les Racines de l'Arbre de Vie
étaient considérées comme le fondement de la vie.

Le Tronc de l' arbre
joignant racines et branches, était associé au monde terrestre.

Les branches de l'arbre
en rattachant le monde souterrain le plus profond qu'atteignent ses racines
au ciel le plus haut qu'atteignent les extrémités de ses branches
étaient le lien entre les différents mondes.

8 mai 2017

Chacun pour soi...

L'air est suave, le soleil est chaud, nos chevaux vont vite; les jeunes blés  couvrent les terres d'un tapis déjà  épais, mais à travers lequel on aperçoit encore le sol rougeâtre. Grâce  aux reflets du soleil bas qui, en cette saison, caresse de plus près, c'est un revêtement de velours riche sur la plaine toujours mollement ondulée  de notre vallée  noire. Une légère  vapeur argente les lointains. Dans les creux inondés, chaque sillon est un miroir ardent. Des volées  de corbeaux, recevant le point lumineux sur leur plumage lisse, brillent aussi au soleil comme des escarboucles. Des pies affairées fouillent brusquement les mottes de terre mouillées, et se disent avec aigreur des choses malséantes à propos d'un  fétu. Chacun pour soi, c'est  le mot des partis.

George SAND
Impressions et souvenirs

Impressions_et_souvenirs_George_Sand
Edition des femmes-Antoinette Fouque

17 août 2017

...un bonheur indicible...

Jean Dolin était resté sans jamais connaître la douceur des livres, la caresse du papier, les rêves qu'ils enfantent, les horizons qu'ils ouvrent /.../

Un an plus tard, pourtant, il trouva un livre perdu sur une draille et regarda les images à l'intérieur avec des battements fous dans le coeur /.../

Et ce livre était devenu un trésor. On y voyait des rues de ville, des hommes en costume, des femmes aux robes légères, de grands immeubles lumineux, on y voyait la mer mais Jean ignorait ce que c'était. Ne sachant pas lire, ...il se demandait ce que pouvaient bien être ces signes - ces lettres, pauvre enfant - qui étaient celles d'un alphabet jamais appris /.../

Mais le trésor était resté caché dans la paille, et il l'ouvrait le soir, sous la lampe à saindoux, ébloui dans l'ombre, le serrait sur son coeur avant de s'endormir, ne le lâchait qu'au matin /.../

Il faudrait encore des années avant que les portes ne s'ouvrent devant lui, et non de sa propre initiative , mais de celle des gendarmes montés le chercher pour répondre à la feuille de route de l'armée que les vieux avaient jetée au feu /.../

A la caserne, les recrues n'en revenaient pas de découvrir un homme aussi nu, aux mains nues, au regard nu /.../

/.../jusqu'à ce qu'un homme se lève, un vrai /.../

__ Je m'appelle Julien Fabre. Je suis maître d'école. Tu peux compter sur moi. Je t'apprendrai.

Fabre lui fit raconter sa vie, là-haut, sans plaisirs, sans douceur, sans école, et les deux vieux, la bergerie, les nuages et le vent. Jean devina la colère de l'homme quand il parla du livre inutile, des images perdues, de sa vaine fuite, du renoncement.__Je t'apprendrai, répéta-t-il /.../

Un soir il sortit un livre de sa valise: non pas celui que Jean avait trouvé, mais un livre d'école pour ne pas l'oublier, la faire renaître en lui malgré la distance, continuer de vivre en quelque sorte. Jean fut étonné, subjugué: il en existait donc plusieurs?
__Bien sûr! dit Fabre. Des milliers.

De retour de manoeuvres, chaque soir, patiemment, il lui montra les lettres, puis les mots /.../

/.../le doigt désignait la lettre ou le mot pour l'apprenti, penché sur le trésor retrouvé, submergé d'un bonheur indicible qui faisait couler parfois sur la page une larme que Fabre feignait de ne pas remarquer.

Christian SIGNOL

Une-vie-de-lumiere-et-de-vent_Christian Signol

 

8 février 2017

Écriture

La lettre_pierre Bonnard

Que l'espace ou le temps
Me soit lourd ou léger,
Rien ne remplacera

Le sûr chemin des mots,
Le moment d'en écrire
Sous la lampe d'envie.

Partant pour ce voyage,
Glissant dans l'inconnu
Des phrases inattendues,

Allant le long des lignes,
M'arrêtant au carrefour
De vocables à choisir,

Explorant l'énoncé,
Débroussaillant la suite
Avant la rédaction,

Remplaçant les faux pas,
Effaçant toutes traces
Des termes infidèles,

Repartant de plus belle,
Sautant de mots en mots
Pour atteindre le point
Final.

Lloassignature 7 février An XVII

Peinture: La lettre_Pierre Bonnard

6 mai 2017

La pluie

André Kohn

Suspendue à  ses fils en chemise de nuit
La pluie lit le journal au soleil de midi

Elle lit, et bientôt les nouvelles l'ennuient.
Quelle Terre à soucis! Que de mélancolie!

Et l'on croit qu'elle pleure alors qu'elle, la pluie,
Ne cesse dans son coeur de rire à la folie

- Si je tenais ici l'animal qui a dit:
"Triste comme la pluie", il verrait du pays!

En s'étirant, la pluie reprend le journal gris.
-Que dit la météo? "Aujourd'hui: de la pluie".

Alors elle soupire et s'en va dans Paris
Arroser les jardins, les chats et les souris.

Marc ALYN

Peinture: André Kohn

3 février 2018

Et un sourire

La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager.

Paul ELUARD

Recueil Le Phenix_Paul Eluard

 

10 avril 2009

Rêvalité

_cole

Des chaussures de daim fauve,

Une blouse nylon,

Des fiches de carton,

Un morceau de craie blanche,

Grande sur notre estrade,

Nous, en bas, tout petits,

Et les doigts boursouflés

Tenant le stylo rouge

Éternel pouvoir

De souligner les fautes

Royauté de maîtresse

Désir de devenir

Cette reine d'Ecole...

Absolue.

Quelques années plus loin

Des bottes de sept lieues

Un sourire rétréci

Des regards en souffrance

Des mots presque coupables

Petite sous leurs yeux

Eux, en face, si grands

Et les mains qui se tendent

Les cœurs qui se rattrapent

Éternels complices

Pour adoucir la faute

D’impuissance du siècle

De faire de ses enfants…

Des Hommes heureux

signature_Lloas 10 avril an IX

18 août 2009

Arthur de 1870 _ Rimbaud de 1873

Le recueil de Douai (Editions Librairie artistique) le_recueil_de_Douai_Rimbaud

Le buffet

C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,                                          
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,                                                                                 
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.

Arthur Rimbaud

Une saison en enfer (Editions Flammarion) 2080705067_1_

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. O sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !

Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.

Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !

"Tu resteras hyène, etc..." se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."

Ah ! j'en ai trop pris : - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

  Arthur Rimbaud

17 septembre 2009

Le comptoir des courriers

Le comptoir des courriers

Dans la froideur matinale et épaisse de ce comptoir des courriers, cet énorme visage de lassitude mal réveillé, mal nourri, mal honnête.. A travers la rondeur des lunettes, ce regard carré, pointu, aiguisé... Paroles parcimonieuses, mépris au compte-gouttes… Et puis le juste monde accroché au discours moralisateur en mal d’importance, en partance pour la haine qui ne pardonne rien… Un combat sans merci pour être le plus fort, pour enfin se voir grand dans ce monde petit.Saisir la chance enfin de battre l’adversaire, invisible, de la  journée, sans gloire, qui commence. Pouvoir se sentir vivre en ces temps moribonds. Savoir à quoi l’on sert, ne plus douter de soi… Pas un sourire... Même d’ennui. Pas une parole... de connivence. Un repli sur soi même sourd et aveugle. Et l’énorme visage se lézarde d’orgueil devant l’erreur avouée. Et le regard transperce le sourire engageant. Et la bouche se tait sur l’échec évident. Pas de compréhension, de solidarité, de reconnaissance, pas de réponse à l’au revoir…

Dans la froideur matinale épaisse de ce comptoir des courriers, la conclusion experte, moqueuse et vengeresse de l’employée modèle : "C’est comme çà !"

 

signature_Lloas17 septembre an IX

16 avril 2009

Ma seule consolation...

"Ma seule consolation, quand je montais me coucher, était que maman viendrait m'embrasser quand je serais dans mon lit. Mais ce bonsoir durait si peu de temps, elle redescendait si vite, que le moment où je l'entendais monter, puis où passait dans le couloir à double porte le bruit léger de sa robe de jardin en mousseline bleue, à laquelle pendaient de petits cordons de paille tressée, était pour moi un moment douloureux. Il annonçait celui qui allait le suivre, où elle m'aurait quitté, où elle serait redescendue. De sorte que ce bonsoir que j'aimais tant, j'en arrivais à souhaiter qu'il vînt le plus tard possible, à ce que se prolongeât le temps de répit où maman n'était pas encore venue. Quelquefois quand, après m'avoir embrassé, elle ouvrait ma porte pour partir, je voulais la rappeler, lui dire " embrasse-moi une fois encore " , mais je savais qu'aussitôt elle aurait son visage fâché, car la concession qu'elle faisait à ma tristesse et à mon agitation en montant m'embrasser, en m'apportant ce baiser de paix, agaçait mon père qui trouvait ces rites absurdes, et elle eût voulu tâcher de m'en faire perdre le besoin, l'habitude, bien loin de me laisser prendre celle de lui demander quand elle était déjà sur le pas de la porte, un baiser de plus. Or la voir fâchée détruisait tout le calme qu’elle m'avait apporté un instant avant, quand elle avait penché vers mon lit sa figure aimante, et me l'avait tendue comme une hostie pour une communion de paix où mes lèvres puiseraient sa présence réelle et le pouvoir de m'endormir. Mais ces soirs-là où maman en somme restait si peu de temps dans ma chambre, étaient doux encore en comparaison de ceux où il y avait du monde à dîner et où, à cause de cela, elle ne montait pas me dire bonsoir.... " 

Marcel Proust   

Du côté de chez Swann (Editions Livre de poche) proust_du_cote_de_chez_swann_1187683917

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