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Lloas
11 octobre 2009

Les mains d'Or

Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminées muettes, portails verrouillés
Wagons immobiles, tours abandonnées
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait  la nuit, de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces, le gel et la mort
Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant

J' voudrais travailler encore, travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore, travailler encore
Acier rouge et mains d'or

J' ai passé ma vie là dans ce laminoir
Mes poumons, mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là,  les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée sur l'espoir

On dirait le soir, des navires de guerre
Battus par les vagues, rongés par la mer
Tombés sur le flan, giflés des marées
Vaincus par l'argent,  les monstres d'acier

J' voudrais travailler encore, travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore, travailler encore
Acier rouge et mains d'or

J' peux plus exister là
J' peux plus habiter là
Je sers plus à rien moi
Y a plus rien à faire
Quand je fais plus rien, moi
Je coûte moins cher
Que quand je travaillais, moi
D’après les experts

J' me tuais à produire
Pour gagner des clous
C'est moi qui délire
Ou qui devient fou
J' peux plus exister là
J' peux plus habiter là
Je sers plus à rien  moi
Y a plus rien à faire

J' voudrais travailler encore, travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore, travailler encore
Acier rouge et mains d'or...

Mots: Bernard Lavilliers

Musique : Pascal Arroyo_bassiste

Album CD "Arrêt sur image" arr_t_sur_image

ECOUTER... 

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14 octobre 2009

Une autre société

.../...Je crois de moins en moins à la politique comme l’entendent aujourd’hui les partis. Vous savez que je rêve d’une autre société, pas davantage. Vous espérez réformer celle-ci avec ses propres éléments. Je crois que le rêve d’une société meilleure est fondé sur des principes très différents de ceux qui régissent la société actuelle.../...

 

 George Sand

 

 (Lettre ouverte aux fondateurs du journal d'opposition L’Eclaireur de l’Indre, 1er septembre 1844)

Correspondance Tome VI (Edition Georges Lubin) Correspondance_Sand__dition_georges_lubin_25_tomes_

18 octobre 2009

Match

Le match vient de commencer…Match de football, cela va sans dire…

 

La maison est pleine à craquer de supporters de tous âges, des deux genres et de toutes conditions, prêts à tout, assis, debout, couchés…Le moindre petit espace de la pièce est occupé. Ils ont bien mangé et bien bu, histoire de prendre des forces avant de se river à l’écran de télévision qui va les transporter sur le champ de leur bataille…

 

Ils attendaient le coup de sifflet qui marque le début de leurs quatre vingt dix minutes préférées. Soucis envolés, préoccupations oubliées, misères effacées devant leurs onze héros, dont un dieu vivant, qui vont courir derrière ce ballon rond et tenter d’être à la hauteur d’une population avide de satisfactions et de gloire, enfin!...

 

C’est parti ! Ils attaquent, anxieux et concentrés, les cigarettes qui traînent sur la table. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le paquet est presque vide et les cendriers presque pleins. Entre chaque bouffée de fumée, ils s’offrent une bière brune qu’ils ingurgitent à une vitesse folle, « à la trompette », sans verre. S’ils pouvaient trouver la bouteille de whisky, qui a été protégée dans un coin reculé de la maison, ils s’accorderaient aussi, sans doute, un petit intermède de cow-boy pour mieux soutenir l’épopée qui se joue sous leurs yeux.

 

Tout près de là, deux bonnes dames grassouillettes se sont endormies sur un canapé, fatiguées par la bière du repas, bercées par les premiers commentaires qui fusent en tous sens, de plus en plus fournis et de plus en plus fort.

 

Il pleut sur le terrain et les joueurs tombent sur la pelouse glissante. Grandes quilles humaines, maculées de boue, ils se relèvent, courent après toujours ce même ballon qui ne veut pas se laisser faire et retombent vaincus à plat ventre et déçus, laissant partir cette petite boule de cuir qui les a mis à bas.

 

Premier but, la maison est en liesse ! Les capsules de bières sautent, on arrose le début de la victoire, les têtes s’affolent et les cœurs battent plus fort. On se calme un peu avec les dernières cigarettes qui restent et on reprend le cours de la bataille.

 

Deuxième but…On hurle ! On applaudit ! Les bières coulent !! A ce train là, il n’y en aura peut être pas assez et la brasserie qui est fermée, pour cause de match, c’est l’angoisse… !

 

Une des deux bonnes dames se réveille et entreprend de vider une valise de présents, qu’on vient de lui apporter, sans se préoccuper le moins du monde du charivari qui l’entoure. Elle déballe les objets, les parfums, les chaussures et autres vêtements, contrariée par ce qu’elle trouve, elle bougonne…

 

La pluie a cessé de tomber …mais les bières ne s’arrêtent pas de couler… !

L’équipe adverse marque un but…On la condamne, on l’insulte…Une chaude ambiance sportive s’installe… !

 

Il reste trois minutes de jeu…Tout le monde est suspendu au sifflet de l’arbitre, le souffle court, la voix brisée, les visages crispés, chacun essaie de contenir sa peur de perdre, comme si leur vie en dépendait, comme si leur honneur …Fin du match, ils ont gagné, tant mieux, on a échappé à la révolution… !

Tout le monde se rassemble pour partir, comme dans un hall de gare, sur un quai de métro aux heures de pointe !

 

Le retour à la vie : un semble très mécontent de ce que la dame a trouvé dans sa valise, pourtant bourrée de cadeaux, il réclame un téléphone pour se plaindre. On refuse de lui donner, ce qui augmente sa mauvaise humeur. Un autre part en boitant (il a glissé en allant se soulager de ses bières) et il lui faut absolument une béquille. Un dernier se demande comment il va faire pour rentrer chez lui sans le sou, si quelqu’un pouvait le dépanner çà l’arrangerait…

L’hôtesse de la maison les accompagne dans la cour, non sans quelques cris contre l’homme du téléphone, remettant hardiment les choses en place quant à l’hospitalité et ses limites.

 

Au beau milieu de toute cette agitation une petite fille mange son gâteau et les regarde avec de grands yeux étonnés…

Et l’écran présente une publicité de …bière !

Tout le monde est parti…

Un petit whisky sur des glaçons…

 

 

 

 

 C’était un match…Match de football cela va sans dire !

avec l'amicale participation, en direct, de Freddo...signature_Lloas 19 octobre an IX 

28 mars 2009

Poème pour une peinture ................. Les oiseaux/Fernand Léger

Et les oiseaux se mettent en quatreleger_fernand_les_oiseaux_maeght_7100088

En deux

Pour tenir tête au soleil

À la lune

Ils mesurent l’importance

Ridicule

De la pagaille ambiante

Naissante

Et flottent les rubans

Les filins

L’équilibre parfait

Inconstant

Ils veulent s’approcher

Ignorer

Ce qui se passe autour

Dedans

Ils butinent le rêve

L’enfer

Des choses emmêlées

Structurées

Ils se pensent légers

Plombés

Au-dessus intouchables

Prisonniers

De la pagaille ambiante

Insistante

L’un tombe et l’autre exulte

De voir tomber son frère.

 

signature_Lloas 8 mars an IV

27 novembre 2009

Le vieux livre

le_vieux_livre

Couverture flétrie

Rectos ambrés

Versos jaunis

 

Encornures temporelles

Empreintes des silences

Indices de sérénité

Salissures laborieuses

Marques des explorations

Témoignages d’étude

 

Déchirures originelles

Cicatrices d’impertinence

Sceaux d’insensibilité

 

Ecorchures veilleuses

Stigmates des abandons

Traces de solitude

Pages léguées

Ecrit transmis

Pensée héritée.

 

signature_Lloas27 novembre an IX

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8 février 2012

Le mendiant

Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant
Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C'était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : « Venez vous réchauffer un peu.
Comment vous nommez-vous ? » Il me dit : « Je me nomme
Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. »
Et je lui fis donner une jatte de lait.
Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait,
Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre.
« Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre,
Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu.
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Étalé largement sur la chaude fournaise,
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé
D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières,
Et je regardais, sourd à ce que nous disions,
Sa bure où je voyais des constellations.

Victor Hugo

"Les contemplations" (Classiques de Poche) Les contemplations Victor Hugo

26 décembre 2013

Pour Angèle, Alexandre, Antoinette...etc...

sapin en verre de MuranoSapin en verre de Murano

Natale,è la felicità, le sorprese, la dolcezza, le golosità...

Ma è sopratutto il momento di pensare alle persone che si sono care.

Sappiate che i questo periodo di feste, vi mando tutti i mei migliori sentimenti.

Felice Natale!

.-.-.-.-.-.

Noël, c'est le bonheur, les surprises, la douceur, les gourmandises...

Mais c'est surtout le moment de penser aux personnes qui nous sont chères.

Sachez que, en cette période de fête, je vous envoie tous mes meilleurs sentiments.

Joyeux Noël!

Merci à François, pour son envoi et son apprentissage patient

Lloassignature

 

8 juin 2013

L'amitié en gage

Amitié coquillage

Quand l'ami est moins fort
Quand le temps fait son oeuvre
Quand le coeur cherche encore
Le chemin d'un chef d'oeuvre
De force et de courage

L'ami peut trouver beau
Aux portes de nos gloires
Ce fabuleux cadeau
Des pensées dérisoires
D'un mystérieux voyage

Qui porte en son sein
Des envies de royaume
Où le rire, souverain,
Lui confère des murmures
D' enfantins coquillages

Secrets et palpitants
Au creux de son oreille,
Sincères et envoutants,
Invisibles merveilles
De l'amitié en gage.

...Pour René...1_Lloassignature 8 juin An XIII 

 

24 juin 2017

Canicule

Ballon rouge_Paul Klee

Dans la sueur collante
De la ville étouffée
Dans l'air irrespirable
Des rues carbonisées
Dans l'agonie muette
Des fleurs martyrisées
Dans la lourdeur des pas
Des passants écrasés
Dans le silence pesant
Des esprits baillonnés
Dans ma tête brûlante
Et mon corps dévasté

Dans le ciel qui se meurt
Dans la terre qui souffre
Dans la vie qui a mal


J'écris ton nom

Lloassignature 21 juin An XVII.......Peinture: Ballon rouge, Paul Klee

22 mai 2009

Poèmes pour trois peintures........./Gustave Caillebotte

_Femme à la fenêtre_1880

Le dos retournéfemme___la_fen_tre_fen_tre_G_caillebotte_1880_blog

 

Les mains bien cachées

Sensibilité

 

La robe discrète

La coiffure honnête

Immobilité

 

Elégante absence

Belle résistance

Au silence

 

Volonté de fuir

Sans désobéir

Sans se retenir

 

Pour ne plus le voir

Pourtant lui faire croire

Qu'elle est là

 

Et se voir marcher

Se voir se sauver

Là...En bas

 

Il est bien assis

Sur sa vie

Les nouvelles sont bonnes...

 

signature_Lloas 6 décembre An III

 

 

_Portraits dans un intérieur_1877

 

int_rieur_couple_G_caillebotte_1877_blog

Rouge

 

Le fauteuil

Rouges

Les rideaux

Rouge

Le tapis

Dans ce rouge

Le silence est de mise

L'homme est noir

La femme est grise

L'homme est assis

La femme aussi

Rouge est l'apparence des choses

Immobile est le couple

Immobile et soumis

A l'apparence des choses

Sans vie.

 

.signature_Lloas23 janvier An IV

 

 

_Homme à la fenêtre_ 1876

 

homme_fen_tre_G_caillebotte_1876_blog

Les mains dans les poches

 

Pas crevées

Du fauteuil confortable

A la vue imprenable

Il n'y a qu'un pas

A peine fini

Devant

Le soleil se répand

Le ciel est sans nuage

Contemplation sereine

 

Il suffirait d'un coup

Arrivant par derrière

Et tout basculerait....

 

signature_Lloas 14 janvier an IV

 

21 octobre 2009

Commune présence

Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.


Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.

René Char

Le marteau sans maître (Edition José Corti) ren__char

26 octobre 2009

Errance aveugle

Errance aveugle

Qui est cet humain au pas de soldat que je viens de croiser ? Un homme de réussite jusqu’au bout de sa sacoche Vuitton, une femme de pouvoir jusqu’au bout de son sac Hermès...

Où va cette démarche surmultipliée et démesurément suractivée ? Vers une simple journée ou vers un impossible défi ...

Quel est cet étrange regard fixe et lointain ? Celui d’un homme caché derrière ses craintes d'échec ou celui d’une femme dissimulée derrière l'écran de ses doutes...

Que veut dire cette bouche résolument fermée? Que toi, l’homme, tu ne diras rien qui puisse trahir tes envies de douceur reposante ou que toi, la femme, tu tairas tes espoirs de tendresse apaisante...

Que veulent dire ces lèvres décidément sans sourire? Que l'on n'a pas le temps au coeur d'une bataille ou que l'on ne peut pas lorsque la peur vous hante...

Que voulez-vous nous montrer lorsque vous nous croisez ? Que votre vie est pleine de grandes satisfactions gagnées à la force de vos obligations ou vide de petits bonheurs atteints à la mesure de vos rêves...

Qu'allez-vous chercher? Une volonté incontournable qui vous rapprochera  de vos besoins vitaux de reconnaissance ou un miracle qui vous emmènera loin de vos habitudes destructrices de règne...

A qui mentez-vous lorsque vous arborez votre réussite à tout vent, quand vous dédaignez vos foules d'admirateurs alentour, quand vous entretenez vos flatteurs du moment, quand vous vous repaissez de votre gloire à chaque question, quand vous vous gargarisez de vos victoires dans chaque réponse?

A qui mentez-vous quand vos compagnons vous quittent, quand vos amis pleurent, quand vos enfants s’en vont, ou quand vos parents meurent...loin de vous ?

Qui êtes vous, vous que je croise, vous qui errez, vous qui vous efforcez de ne pas me voir pour éviter de me regarder…?

signature_Lloas 26 octobre an IX

2 novembre 2009

Voir un ami pleurer

Bien sûr, il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr, tout ce manque de tendre
Et il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr, l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur vous monte au nez
Bien sûr, on marche sur les fleurs
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr, les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr, nos cœurs perdent leurs ailes
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr, le temps qui va trop vite
Ces métro remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais, mais voir un ami pleurer !

Bien sûr, nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juif
Ni l'élégance d'être nègre
On se croit mèche, on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonné
Que, par amour, ils nous lacèrent
Mais, mais voir un ami pleurer !

Mots et musique

Jacques Brel

Album CD "Les marquises"brel_les_marquises

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31 octobre 2009

La rose, la bouteille et la poignée de main

Cette rose avait glissé de
La gerbe qu'un héros gâteux
Portait au monument aux Morts.

Comme tous les gens levaient leurs
Yeux pour voir hisser les couleurs,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route et m'en allai quérir,
Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir.
Car c'est une des pires perversions qui soient
Que de garder une rose par-devers soi.

La première à qui je l'offris
Tourna la tête avec mépris,
La deuxième s'enfuit et court
Encore en criant "Au secours! "
Si la troisième m'a donné
Un coup d'ombrelle sur le nez,
La quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Fleurir de belles inconnues.
On est tombé bien bas, bien bas...
Et ce pauvre petit bouton
De rose a fleuri le veston
D'un vague chien de commissaire,
Quelle misère!

Cette bouteille était tombée
De la soutane d'un abbé
Sortant de la messe ivre mort.

Une bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route en cherchant, plein d'espoir,
Un brave gosier sec pour m'aider à la boire.
Car c'est une des pires perversions qui soient
Que de garder du vin béni par-devers soi.

Le premier refusa mon verre
En me lorgnant d'un œil sévère,
Le deuxième m'a dit, railleur,
De m'en aller cuver ailleurs.
Si le troisième, sans retard,
Au nez m'a jeté le nectar,
Le quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête, d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Trinquer avec des inconnus.
On est tombé bien bas, bien bas...
Avec la bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin,
Les flics se sont rincé la dalle,
Un vrai scandale!

Cette pauvre poignée de main
Gisait, oubliée, en chemin,
Par deux amis fâchés à mort.

Quelque peu décontenancée,
Elle était là, dans le fossé.
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route avec l'intention
De faire circuler la virile effusion,
Car c'est une des pires perversions qui soient
Qu' de garder une poignée de main par-devers soi.

Le premier m'a dit: "Fous le camp !
J'aurais peur de salir mes gants."
Le deuxième, d'un air dévot,
Me donna cent sous, d'ailleurs faux.
Si le troisième, ours mal léché,
Dans ma main tendue a craché,
Le quatrième, c'est plus méchant,
Se mit en quête d'un agent.

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu,
Sans être louche, on ne peut pas
Serrer la main des inconnus.
On est tombé bien bas, bien bas...
Et la pauvre poignée de main,
Victime d'un sort inhumain,
Alla terminer sa carrière
A la fourrière!

Mots et musique

Georges Brassens

Album CD "La religieuse" (vol 10)brassens_la_religieuse_vol_10

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15 novembre 2009

Un dimanche particulier

Un dimanche particulier

Dis…Il y a des moments où plus rien n’existe qu’une porte qui s’ouvre sur une vague de tendresse de deux grands et un tout petit qui entrent chez toi, te rapportant, cette amitié amputée, enfouie et douloureuse depuis que tu es partie, pour la faire renaître dans l’instant, entière, fidèle et réconfortante de te savoir encore là… !

...pour Julie,Guillaume,Thomas...signature_Lloas15 novembre an IX

10 septembre 2009

Les fenêtres

Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.
Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.
Peut-être me direz-vous: "Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?" Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis?

Charles Baudelaire

 

Le Spleen de Paris (Editions Poésie/Gallimard) le_spleen_de_Paris

4 octobre 2009

Les dessous chics

Les dessous chics, c'est de ne rien dévoiler du tout
Se dire que lorsqu'on est a bout c'est tabou
Les dessous chics c'est une jarretelle qui claque
Dans la tête comme une paire de claques.
Les dessous chics ce sont des contrats résiliés
Qui comme des bas résilles ont filé

Les dessous chics c'est la pudeur des sentiments
Maquillés outrageusement rouge sang
Les dessous chics c'est de se garder au fond de soi
Fragile comme un bas de soie

Les dessous chics c'est des dentelles et des rubans
D'amertume sur un paravent désolant

Les dessous chics ce serait comme un talon-aiguille
Qui transpercerait le coeur des filles.

Mots et musique

Serge Gainsbourg

Album CD "Le Zénith de Gainsbourg"  le_z_nith_de_Gainsbourg

Ecouter: http://www.deezer.com/listen-2420843

7 octobre 2009

"des bouchons"...comme on disait

Le collège. – Il donnait, comme tous les collèges, comme toutes les prisons, sur une rue obscure, mais qui n’était pas loin du Martouret, le Martouret, notre grande place, où étaient la mairie, le marché aux fruits ; le marché aux fleurs, le rendez-vous de tous les polissons, la gaieté de la ville. Puis le bout de cette rue était bruyant, il y avait des cabarets, « des bouchons », comme on disait, avec un trognon d’arbre, un paquet de branches, pour servir d’enseigne. Il sortait de ces bouchons un bruit de querelles, un goût de vin qui me montait au cerveau, m’irritait les sens et me faisait plus joyeux et plus fort.
Ce goût de vin ! – la bonne odeur des caves ! – j’en ai encore le nez qui bat et la poitrine qui se gonfle.
Les buveurs faisaient tapage ; ils avaient l’air sans souci, bons vivants, avec des rubans à leur fouet et des agréments pleins leur blouse – ils criaient, topaient en jurant, pour des ventes de cochons ou de vaches.
Encore un bouchon qui saute, un rire qui éclate, et les bouteilles trinquent du ventre dans les doigts du cabaretier ! Le soleil jette de l’or dans les verres, il allume un bouton sur cette veste, il cuit un tas de mouches dans ce coin. Le cabaret crie, embaume, empeste, fume et bourdonne.
À deux minutes de là, le collège moisit, sue l’ennui et pue l’encre ; les gens qui entrent, ceux qui sortent éteignent leur regard, leur voix, leur pas, pour ne pas blesser la discipline, troubler le silence, déranger l’étude.

Quelle odeur de vieux !...

Jules Vallès

 L'enfant (Editions Livre de poche)l_enfant_jules_vall_s

2 avril 2010

C'est un autre avenir...

l'avenir_Ferrat

C’est un autre avenir qu’il faut qu’on réinvente
Sans idole ou modèle pas à pas humblement
Sans vérité tracée sans lendemains qui chantent
Un bonheur inventé définitivement
Un avenir naissant d’un peu moins de souffrance
Avec nos yeux ouverts et grands sur le réel
Un avenir conduit par notre vigilance
Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel.

Jean Ferrat_ Le bilan

6 avril 2010

Rue du rêve

Je n'étais pas très bon élève
Et je suis mauvais citoyen
Mais j'ai ma chambre rue du rêve
Et mon bureau rue des copains
On ne va pas si vous sonnez
Vous dire on a déjà donné
Et l'on attendra rien du tout
Du genre: c'est gentil chez vous
Les mots, on s'en fout.

Le monde me dit marche ou crève
Je marche lorsque je veux bien
Mais j'ai ma chambre rue du rêve
Et mon bureau rue des copains
Tiens prends un verre et assieds-toi
Raconte-nous n'importe quoi
Et chante un truc à rendre fou
Les gens mille étages au-dessous
Les gens, on s'en fout.

Parfois lorsque le jour se lève
J'ai des envies d'aller plus loin
Mais j'ai ma chambre rue du rêve
Et mon bureau rue des copains
Tiens toi la fille qui parlait
De Marylin et de cachets
Joue pas ton rôle jusqu'au bout
Fais l'amour et pleure un bon coup
La mort on s'en fout

Je n'étais pas très bon élève
Et je suis mauvais citoyen
Mais j'ai ma chambre rue du rêve
Et mon bureau rue des copains
Et quelquefois dans mon salon
Bien installé dans mes chaussons
Et seul sans toi, sans lui, sans vous
Je parle à mon miroir trop flou
Je sais qu'il s'en fout.

Mots:  Claude Lemesle

musique: Alice Dona

Interprète: Serge Reggiani

 

Album CD "La chanson de Paull"  reggiani_2

ECOUTER...

19 octobre 2009

Il faut être très patient

- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

- Que faut-il faire? dit le petit prince.

- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

Le lendemain revint le petit prince.

- Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur...

Antoine de Saint Exupéry

Le Petit Prince (Educational Édition) petitprince

22 octobre 2009

Perception

 

perception

Nature en morceaux

Liberté en barreaux

Courage en lambeaux

Tenir l’invisible

Survie sans mot

Appel sans écho

Œuvre sans bravo

Entendre l’indicible

Paysages engloutis

Pensée ensevelie

Efforts trahis

Regarder l’indescriptible

Terre dévastée

Croyances déchirées

Besogne lapidée

Respirer l’impossible

Poison mortel

Discours officiel

Travail éventuel

Avaler l’inadmissible

 

Stérile perception

Intransmissible.

signature_Lloas22 octobre an IX

4 mai 2010

Monsieur

Monsieur n’a pas pour gloire

Les parfums enivrants

Des langueurs tropicales

Il sent l’herbe abîmée

Empilée, oubliée

Dans un coin de sa vie

Monsieur n’a pas pour gloire

Les gestes pacifiques

Des vieux sages du temps

Il brasse des jours las

Malaimés et aigris

De sa vie gaspillée

Monsieur n’a pas pour gloire

La raison généreuse

De ceux qui ont tout vu

Il remue la rancœur

Vengeresse et soumise

A la vie des heureux

Monsieur n’a pas pour gloire

Le regard attendri

Des grands sur les petits

Il épie les voisins

Espoirs trop prometteurs

Pour sa vie douloureuse

Monsieur n’a pas pour gloire

La compréhension juste

Des échecs et des veines

Il trépigne de haine

Indue et venimeuse

Pour motiver sa vie

Monsieur n’a pas pour gloire

Le respect des amis

Dans leurs sorts différents

Il entraîne ses frères

Plus forts ou plus chanceux

Dans sa vie abîmée

Monsieur n’a pas pour gloire

La vérité brillante

De la sincérité

Il s’accroche au mensonge

Il se perd et se meurt

Dans sa vie marécage

Monsieur n’aura sans doute

Aucune gloire repentante…

signature_Lloas 4 mai an X

25 novembre 2009

L'amitié

Beaucoup de mes amis sont venus des nuages
Avec soleil et pluie comme simples bagages
Ils ont fait la saison des amitiés sincères
La plus belle saison des quatre de la Terre

Ils ont cette douceur des plus beaux paysages
Et la fidélité des oiseaux de passage
Dans leurs cœurs est gravée une infinie tendresse
Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse
Alors, ils viennent se chauffer chez moi
Et toi aussi, tu viendras

Tu pourras repartir au fin fond des nuages
Et de nouveau sourire à bien d'autres visages
Donner autour de toi un peu de ta tendresse
Lorsqu'un autre voudra te cacher sa tristesse

Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne
Il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne
S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne
J'oublierai à la fois mes larmes et mes peines

Alors, peut-être je viendrai chez toi
Chauffer mon cœur à ton bois.

Mots et musique

 Françoise Hardy

Album CD "Greatest Hits"  fran_oise_Hardy

Ecouter: http://www.deezer.com/listen-539791 :

11 décembre 2009

Le père Noël

Ce que je me rappelle parfaitement, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouverais à mon réveil. Minuit ! cette heure fantastique que les enfans ne connaissent point, et qu'on leur montre comme le terme impossible de leur veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m'endormir avant l'apparition du petit vieux ! J'avais à la fois grande envie et grand'peur de le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque-là, et le lendemain mon premier regard était pour mon soulier au bord de l'âtre. Quelle émotion me causait l'enveloppe de papier blanc ! car le père Noël était d'une propreté extrême, et ne manquait jamais d'empaqueter soigneusement son offrande. Je courais, pieds nus, m'emparer de mon trésor. Ce n'était jamais un don bien magnifique, car nous n'étions pas riches. C'était un petit gâteau, une orange, ou tout simplement une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux, que j'osais à peine le manger. L'imagination jouait encore là son rôle, et c'est toute la vie de l'enfant.


Je n'approuve pas du tout Rousseau de vouloir supprimer le merveilleux, sous prétexte de mensonge. La raison et l'incrédulité viennent bien assez vite, et d'elles-mêmes; je me rappelle fort bien la première année où le doute m'est venu, sur l'existence réelle du père Noël. J'avais cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Aussi me parut-il moins beau et moins bon que les autres fois, et j'éprouvais une sorte de regret de ne pouvoir plus croire au petit homme à barbe blanche. J'ai vu mon fils y croire plus longtemps ; les garçons sont plus simples que les petites filles. Comme moi, il faisait de grands efforts pour veiller jusqu'à minuit. Comme moi, il n'y réussissait point, et comme moi, il trouvait au jour le gâteau merveilleux pétri dans les cuisines du paradis. Mais pour lui aussi la première année où il douta fut la dernière de la visite du bonhomme. Il faut servir aux enfans les mets qui conviennent à leur âge et ne rien devancer. Tant qu'ils ont besoin de merveilleux, il faut leur en donner. Quand ils commencent à s'en dégoûter, il faut bien se garder de prolonger l'erreur et d'entraver le progrès naturel de leur raison.

George Sand

Histoire de ma vie (Edition Gallimard) histoire_de_ma_vie_sand_gallimard

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